Worldline, société française de services de paiement, a vendu mardi 22 février la totalité de la branche de terminaux de paiement d’Ingenico au fonds américain Apollo. Même si les activités d’Ingenico, société fondée en 1980, devraient rester en France, cette vente représente, pour reprendre les termes des Echos, la « perte d’un fleuron industriel ». Car Ingenico, toujours selon Les Echos, « avec une base installée de plus de 35 millions d’unités », est un leader mondial, « partageant encore aujourd'hui la quasi-totalité du marché des terminaux de paiement avec son principal concurrent, l'américain Verifone ».
Un savoir-faire, rappelle le journal économique, qui était jusqu’à présent protégé par l’état français. En 2010, « le gouvernement en place avait demandé à Safran, qui était alors actionnaire d'Ingenico, de ne pas vendre sa participation de 22,5 % au groupe américain Danaher ». Selon Les Echos, une explication à cette levée gouvernementale de la protection du fleuron industriel pourrait être le changement du « contexte » économique et technologique, le marché des terminaux de paiement étant « en plein bouleversement avec l'arrivée de nouveaux acteurs et de nouvelles technologies » qui redessinent les cartes de ce secteur stratégique, « en plein boom ». Les syndicats semblent soulagés par cette vente, rapporte Les Echos : « Apollo va apporter des fonds qui vont aider à la transformation du groupe. Le management reste en place et les plans de recrutement ont été validés. »
Numéro 1 du Top 100
Alors que l’entreprise Ingenico a été fondée en 1980, il faut attendre la deuxième moitié de cette décennie pour retrouver sa trace dans les archives. Mais de quelle manière ! Le 3 mai 1988, les Actualités régionales d’Ile-de-France dressent le portrait de la société, qui vient d’être désignée par le journal L’Entreprise comme lauréate du Top 100, un concours qui consacre les champions de la croissance, du profit, et de la conquête des marchés.
Ingenico est décrite comme une entreprise spécialisée dans la « monétique, autrement dit l’argent électronique ». Ses « terminaux de paiement équipent notamment les hypermarchés, les stations service ou encore les gares SNCF ». « Portée par le boom de la carte bancaire et une certaine euphorie boursière, Ingenico s’est affirmé en leader du marché , elle arrive pour la seconde fois consécutive en tête du top 100 des entreprises. »
Star de la rentabilité
Interviewé, Jean-Jacques Poutrel, P.D.G d’Ingenico et co-fondateur avec Michel Malhouitre, évoque sa réussite : « Je crois qu’il y a pas de secret à proprement parler, nous nous efforçons de faire ce que nous faisons le mieux du monde, sans tenir compte de ce que peux faire la concurrence, et il s’avère que nos formules, nos méthodes, sont plus payantes que celles pratiquées par ailleurs ».
Ingenico est alors « une véritable star de la rentabilité et de la croissance : en quatre ans, les bénéfices ont été multipliés par 20 et les effectifs ont triplé […] 20% de ses activités concerne désormais l’étranger ».