Né en 1926 à Alton, Miles Davis s’initie à la trompette à l'âge de 13 ans. Après sa rencontre avec les figures du be-bop Dizzy Gillespie et Charlie Parker en 1944, il intègre le quintet de ce dernier comme trompettiste attitré. Participant assidûment aux jam-sessions de la nuit new yorkaise, il ne tarde pas à se faire un nom et forme avec Gil Evans un orchestre qui sera à l’origine d’une nouvelle esthétique, le cool jazz, rompant avec la frénésie du be-bop. Invité au Festival International de Jazz de Paris en mai 1949, il découvre le milieu artistique français et rencontre, entre autres, Boris Vian et Juliette Gréco, icônes de Saint-Germain-des-Près. Il reviendra à Paris en 1957 pour composer la musique du film de Louis Malle Ascenseur pour l’échafaud, improvisant sur des images de certaines scènes qu'il regarde défiler sur un écran.
De retour aux Etats-Unis, Miles sombre dans les effets dévastateurs de la drogue et opère, en ce début des années 50, un retour aux fondamentaux du jazz noir et du Blues. Entouré de musiciens comme Sonny Rollins ou Horace Silver, Miles Davis définit un style nouveau, le hard-bop. Débarrassé de son addiction à l’héroïne, il forme en 1955 un quintet avec John Coltrane avec qui il produira round about Midnight et Kind of Blue, ce dernier étant considéré comme l'un des meilleurs albums de l'histoire du jazz. Relisant en parallèle certaines œuvres orchestrales, Miles enregistre le Concierto de Aranjuez de Joaquim Rodrigo avec Gil Evans.
Du second quintet au jazz fusion
Au début des années 60, quitté par ses musiciens qui souhaitent mener carrière en leur nom, Miles Davis s’entoure de jeunes instrumentistes comme Herbie Hancock et Tony Williams. Rejoint par Wayne Shorter, ce nouveau quintet enregistre Miles smiles, Nerfertiti ou encore Miles in the Sky. Le début des années 70 marque à nouveau un tournant musical : Miles, admirateur de Jimi Hendrix, ose la fusion des sonorités électriques et du jazz. Il initie alors l’essor d’un style nouveau qui prend corps avec les albums In a Silent Way et surtout Bitches Brew, véritable symbole du jazz fusion. Dès lors, Miles Davis dynamise le monde du jazz et rencontre un vrai succès populaire, insufflant l’énergie fiévreuse du funk sur ses denses improvisations.
Miles, la légende
Après de nombreuses tournées, Miles, épuisé, quitte la scène et se mure dans le silence jusqu’en 1980, date à laquelle il amorce un retour, renouvelant une fois encore son approche musicale. Le double album live We want Miles, publié en 1982, présente le nouveau groupe de scène de Miles Davis avec notamment, Marcus Miller. Les sonorités contemporaines adoptées par Miles se retrouvent au fil des albums qu’il enregistre durant les années 80. Son talent et ses expérimentations font de lui une star mondiale, statut qu’il ne cessera de façonner. Miles Davis, élégante légende provocante, disparaît le 28 septembre 1991 laissant derrière lui une œuvre magistrale digne de l’un des plus grands musiciens de tous les temps.