Le 30 octobre 1980, Coluche est l'invité du journal d'Antenne 2 midi présenté par Daniel Grandclément. L'humoriste expose ses motivations et sa vision de la politique, un réquisitoire contre la gestion du pays par les professionnels de la politique : « Les types pour qui je me présente, ils n'existent pas en politique. C’est-à-dire que tout le monde les prend pour "rien". Et simplement, ce que je leur propose c'est de renvoyer le compliment aux hommes politiques. Montrer qu'ils sont nombreux et qu'ils existent de manière à renvoyer le compliment : "C'est vous qui ne valez rien". Vous croyez que les gens qui gouvernent n'ont que la répression comme moyen d'expression ? Eh ben vous avez raison et c'est bien ce contre quoi je lutte. Et justement je ne suis pas d'accord qu'ils nous emmerdent avec des lois antidémocratiques alors qu'ils clament partout qu'on est dans une démocratie. C’est-à-dire que les gars à qui je réclame de voter pour moi, ils n'ont jamais voté. Comme moi d'ailleurs. Moi j'ai voté une fois quand j'ai eu ma carte parce que je voulais voir si c'était utile. Et puis je me suis aperçu que j'avais voté pour rien. Il y a des mecs qui ont voté pendant 30 ans pour rien. Il y a effectivement tout un tas de mecs qui sont Français et qui sont pas concernés par la politique. Que la politique prend vraiment pour zéro et qui existent. Donc tout le monde a des problèmes qui sont différents. Ces mecs-là ont des revendications et personne ne s'en occupe. Personne, personne, personne. Il y en a qui font des promesses, d'autres qui donnent des espoirs et à la fin du compte : "On n'a rien ! On n'a rien, rien." »
Présentée d'abord comme une plaisanterie, la candidature de Coluche à la présidentielle de 1981 se fait de plus en plus sérieuse à mesure que les sondages le créditent d'environ 15% d'intentions de vote. L'humoriste subit une forte pression pour retirer sa candidature, ce qu'il fait finalement le 16 mars 1981. Le 10 mai 1981, François Mitterrand remporte l'élection présidentielle.
