Marjolaine, c'est le rendez-vous incontournable des aficionados du bio depuis 1976 ! On y trouve tout ce qui touche de près ou de loin à la culture bio… mais la star du salon est sans conteste la plante... séchée de préférence et servie en tisane ou en décoction... A quoi ressemblait la foire aux plantes en 1976 ? Réponse en images.
En 2021, le salon Marjolaine ouvre ses portes du 6 au 14 novembre. Neuf jours de rencontres, d’échanges, de découvertes. 420 exposants, pionniers et passionnés de la bio prêt à offrir leur savoir-faire aux nombreux visiteurs en quête de produits et solutions écologiques. C'est le programme de cette nouvelle édition de Marjolaine le plus grand marché bio de France.
L'archive en tête d'article est reportage réalisé lors du premier salon, en 1976. La star incontestable du salon se déclinait déjà en mille couleurs, mille saveurs et autant de parfums : l'herbe aromatique. Reine des tisanes, des cataplasmes et autres décoctions, toutes les plantes séchées se trouvaient déjà à Marjolaine. Cette année-là, monsieur Caussade, herboriste à Saint-Rémy-de-Provence depuis 1945 trônait fièrement derrière son stand composé d'une multitude de cartons et de sacs débordants d'herbes odorantes. Il est alors le principal producteur de marjolaine en France, comme il le précise ici : "Ça fait trente ans qu'on cultive la marjolaine puisqu'on en fait la production française avec 30 cultivateurs." 1976 était l'année du mieux vivre, qu'est-ce que cette notion signifiait pour lui ? "Le mieux vivre, pour moi, ce sont les Alpilles, le thym, le romarin, la sarriette. Le mieux vivre pour moi, ce sont les plantes et non pas les pilules".
Car les plantes, incontournables dans la cuisine, le sont aussi pour la santé. Le top six des plantes indispensables était présenté ainsi par le commentaire : "Les six plantes de base pour mieux vivre dans sa cuisine sont le thym, la marjolaine, le romarin, la sarriette, un peu d'estragon et de basilic. Qu'on retrouve à la fois dans la cuisine et en tisane car ce sont des plantes aromatiques bonnes pour la santé".
Cette exposante spécialisée dans la confection de remèdes à base de produits naturels donnait pour sa part quelques conseils judicieux : "Le lierre, on en trouve partout dans Paris. Vous savez le buis, quand on va le dimanche à la campagne, on peut très bien en ramasser et le sécher pour l'année".
L'herboristerie en déclin
Si une foule de connaisseurs se pressait aux abords du stand de plantes séchées, c'est qu'elles étaient parfois difficiles à trouver. En effet, la profession d'herboriste avait déjà quasiment disparue. Pourtant utilisées depuis la nuit des temps par tous les peuples, les plantes médicinales étaient délaissées en France au profit des médicaments chimiques synthétiques. Les premières victimes de cette évolution étaient les herboristes. (La profession n'existe plus officiellement depuis 1941 : le diplôme a été supprimé par le régime de Vichy, qui céda cette spécialité aux pharmaciens d'officine. Seuls ceux qui l'exerçaient avant cette date fatidique ont eu le droit de continuer leur activité.)
Une connaissance qui se transmettait encore de génération en génération, à l'image de cette cliente qui connaissait très bien les propriétés des herbes qu'elle venait d'acheter : "Là, j'ai acheté du thym, du serpolet, de l'églantier et de la lavande. Le serpolet, c'est très bon pour les voies respiratoires (supérieures et bronches). Je les utilise depuis longtemps. Je l'utilise même pour mes enfants. Quand j'ai un enfant qui tousse ou qui a un rhume, je le mets à la diète et je lui fais boire énormément d'infusions et je vois que c'est très efficace. J'ai un enfant de trois ans qui n'a jamais pris d'antibiotique ou de médicament. Je le soigne de cette façon-là".
L'herboriste interrogée dressait le bilan amer de la disparition de sa profession, mais espérait encore inverser la tendance, sans beaucoup d'espoir, elle précisait : "Malheureusement, aujourd'hui il n'y a plus de diplôme d'herboriste. Mais on va essayer de ramener les gens dans la profession pour qu'il y ait une continuation de ce métier".
Soulager ses bobos à l'aide des plantes, notre démonstratrice en savoir-faire en était convaincue : "C'est une telle joie que c'est presque une psychothérapie de faire des choses soi-même".
Il est encore temps de se précipiter au salon et pour faire vos réserves de tisanes et espérer passer ainsi un hiver en pleine forme…