« Avec Hitchcock c’était plus sérieux, bien que l’homme dans le travail soit d’un grand humour, [...] un homme merveilleux d’une très grande bonté, et tout à fait insoupçonnable, enfin je sais que moi j’ai eu la chance d’être reçu chez lui, et je sais que le drame de Hitchcock, c’est de faire du Hitchcock. Il aurait voulu faire ou refaire des films à sujet religieux comme I confess (La loi du silence), qu’il avait fait avec Montgomery Clift, et il n’a fait que I confess. Il estime que c’est un raté, qu’il a été condamné à faire du Hitchcock. Et dans sa chambre à coucher on avait la synthèse même de toute sa personnalité, en ce sens qu’au dessus de son lit il y avait un énorme crucifix, et juste le matin en face de lui il y avait une toile de Dali représentant une toile énorme [qui le regardait]. Et à mon avis ces deux images étaient symboliques, le Diable et le Bon Dieu.
Hitchcock avait tourné une première version de L’Homme qui en savait trop vingt ans auparavant (1934) et le personnage que je jouais [dans la version de 1956] était alors joué par Pierre Fresnay.
Un soir chez James Stewart, qui nous avait reçus de façon fantastique, c’était comme un rêve, il y avait Gary Cooper, tous les grands acteurs français d’Hollywood, et Doris Day nous a dit qu’elle allait chanter la chanson du film. Elle était accompagnée ce soir là par James Stewart au piano. [En l’entendant], je me suis dit que cette chanson allait faire un tube. Cette chanson, c’était Que Sera, sera.