Emmanuel Macron avait dévoilé le 10 février 2022, à Belfort, sur le site de fabrication des emblématiques turbines nucléaires Arabelle, son plan de relance du nucléaire, avec le lancement d’un programme de construction de six réacteurs EPR, et d’une option sur huit autres pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. « Pour augmenter la production électrique, il nous faut, à côté des énergies renouvelables, reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France », avait déclaré le chef de l’État, annonçant avoir demandé à EDF d'étudier la prolongation de « tous les réacteurs qui peuvent l'être » au-delà de 50 ans.
Avec ce nouveau plan nucléaire, le président de la République visait la disparition totale de l’utilisation du gaz, du pétrole et du charbon à l'échéance de 2050 : « Il n'y a pas de transition énergétique et climatique s'il n'y a pas de décarbonation de l'énergie produite, en particulier notre électricité." A-t-il déclaré. Le président de la République avait affiché son objectif : « Faire en trente ans de la France le premier grand pays du monde à sortir de la dépendance aux énergies fossiles et renforcer notre indépendance énergétique et industrielle dans l'exemplarité climatique » et de « baisser de 40% notre consommation d'énergie en 30 ans. Nous devons y arriver sans pratiquer l'austérité énergétique (...) : nous y arriverons par l'innovation, par des investissements. »
Ce discours n'est pas sans rappeler celui proposé en tête d'article, daté du 6 mars 1974, dans lequel Pierre Messmer, le Premier ministre français présentait le volet « indépendance énergétique » de la grande politique énergétique lancée fin 1973. Il dévoilait ici les détails d'un programme nucléaire à grande échelle de 13 milliards de francs.
Une solution à la crise énergétique
La France traversait alors une grave crise énergétique due à des tensions pétrolières. Les autres énergies (gaz, électricité et charbon), indexées sur l’or noir, avait subi une augmentation de 14, 5% en 1973. L’inflation était également galopante et le gouvernement espérait bien la limiter à 10%. Mais en pleine période de croissance économique, il n’était pas question de ralentir l'expansion de l’industrie. Il fallait trouver une énergie bon marché.
Le gouvernement avait donc décidé de lancer un grand plan de nucléaire civil, avec la construction de plusieurs centrales nucléaires, en 5 ans : « Nous avons décidé de lancer entre 1974 et 1975, le lancement de 13 centrales nucléaires de 1 000 mégawatts chacune qui coûtent environ 1 milliard de franc chacune. C’est une décision extrêmement importante. », déclarait-il.
Ce plan ambitieux devait assurer l’autonomie énergétique française en couvrant la totalité des besoins du pays, avec une puissance totale utilisée de 13 000 mégawatts. Le Premier ministre ajoutait, comme le président Macron ce 10 février 2022, que l’effort fourni serait important : « La priorité, nous la donnons à l’électricité nucléaire. C’est un effort considérable qui est exigé du gouvernement à EDF et je m’attacherai personnellement à ce que ce soit un succès. » Pour financer ce grand plan de 13 milliards sur 5 ou 6 ans, EDF devait s’autofinancer en partie, l’État lui apportant une aide financière, le reste provenant d'emprunts publics.
Pierre Messmer ajoutait que d'ici à la mise en service des centrales, le pays et les Français seraient appelés à faire des économies drastiques, « sur les dépenses de chauffage ». Il annonçait des mesures en matière d’isolation des bâtiments et l'imposition de règles par un projet de loi sur les températures à ne pas dépasser (20 °C du 15 octobre au 15 avril). D'autres mesures favorisant les transports en commun, comme la construction de voies ferrées allaient également voir le jour en attendant l'avènement du nucléaire.
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