Jusqu'au vendredi 1er juillet, les élèves de terminale du baccalauréat général et technologique passent l'ultime épreuve, le grand oral. Une nouvelle épreuve, puisque c'est seulement la deuxième année consécutive qu'elle est organisée. Le lycéen arrive avec deux questions préparées au cours de l'année avec ses professeurs portant sur une ou deux de ses spécialités. Après que le jury a sélectionné l'une des deux questions, l'élève prépare son intervention, puis prend la parole cinq minutes pour présenter son exposé. S'ensuivent dix minutes d'entretien avec le jury, et enfin cinq minutes de discussion sur son projet d'orientation. L'épreuve dure ainsi vingt minutes.
Et pour beaucoup d'élèves, peu habitués à la prise de parole dans un cadre scolaire qui privilégie historiquement l'écrit, l'exercice est souvent intimidant. L'occasion de présenter cette archive datant de 1972, dont le but était de prodiguer des conseils de gestion du stress aux lycéens qui passaient les épreuves orales du bac.
Le regard
Dans cette archive, diffusée le 15 juin 1972, le directeur d'un institut d'expression orale répond aux questions que se posent les jeunes sur les meilleures façons d'aborder corporellement l'oral : « Je crois que ce que nous pouvons indiquer ce sont des moyens qui servent dans l’immédiat. La plupart des gens sont contractés, il y a un moyen d’agir là-dessus, c’est de veiller à obtenir un rythme respiratoire régulier. C’est simple, c’est bête et ça marche. Une expiration et inspiration, très profonde et autant que possible très ralentie, puisque quand on est excité, inquiet, tendu, le rythme respiratoire s’accélère, c’est bien connu. Donc très simplement, vérifier qu'on inspire et qu'on expire [correctement]. » Deuxième conseil de ce spécialiste de la gestion du stress, relâcher complètement son corps, à commencer par les mains : « détends tes mains, lâche tout », propose t-il à son interlocutrice. Enfin, troisièmement, le regard : « regarder le professeur, regarder l’examinateur, parce que très souvent on ose pas le regarder, regardez-le comme vous regarderiez un ami, un homme, une connaissance. »
Et que se passe t-il demande l'une des jeunes si comme cela arrive souvent l'examinateur se révèle d'un « aspect plutôt sévère » et « paralyse un peu les candidats en les regardant d'un drôle d'air »? Réponse du spécialiste, il ne faut pas s'en faire : « Disons que ça c’est la vieille garde, ce sont "les pères fouettards de l’enseignement", qui sont en voie de disparition, et tout le monde s’en réjouit, les élèves, les professeurs, les parents, l’éducation nationale. Si vous avez affaire à quelqu’un comme ça, passez le moins désagréablement possible ce moment, mais conservez votre sang-froid, regardez-le et cherchez un accord par le regard. Voilà je crois, la règle principale. »