Trois témoignages d'anciens élèves qui disent merci à leurs professeurs

L'ACTU.

Le 13 octobre 2023, un nouvel enseignant est mort dans un attentat islamiste en France. Dominique Bernard était professeur agrée de de Lettres au lycée Gambetta-Carnot à Arras. Son assaillant était un ancien élève du lycée d'origine caucasienne. Il était arrivé en France en 2008. Radicalisé, il était fiché S et avait été contrôlé la veille de son acte par la DGSI. Cet attentat intervient presque trois ans jour pour jour après celui qui a coûté la vie à Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie, qui avait été assassiné le 16 octobre 2020 après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.

LES TÉMOIGNAGES.

Qu'ils soient d'Histoire ou de Lettres, certains enseignants marquent leurs élèves de manière indélébile et bien des années après la fin de leur scolarité, ils évoquent toujours avec émotion ces professeurs qui, souvent, ont changé leur vie. En 1973, une émission interrogeait d'anciens élèves qui restaient profondément marqués par le dévouement, l'intelligence, la compassion, parfois la juste sévérité, et le travail de leurs professeurs.

Notre article débute par un moment poignant de télévision. Le journaliste de l'émission « L'album de famille des Français » lisait une lettre écrite en 1959 par Madame Bourgoin, une ancienne élève, à sa professeure Mademoiselle Sançoit, visiblement émue. Voici le contenu de cette lettre très émouvante :

« Impossible de vous oublier, bien chère Mademoiselle Sançoit de mon enfance. Malgré mes 54 ans, ma mémoire et mon cœur vous sont restés fidèles. Il m'est resté, je ne sais comment, miraculeusement sauvegardé et conservé par moi, un cahier de votre cours complémentaire d'alors et signé par vous. J'y tiens beaucoup. En le feuilletant, sous l'œil intéressé de mes enfants, je vous entends et je vous revois encore. Mine rose, yeux et cheveux châtains, simplement tendus en chignon, figure intelligente et bonne. Comme je vous aimais alors. Vous remplaciez alors, pour l'enfant de l'assistante publique que j'étais, toute la famille absente, avec vous, je n'étais plus seule. Je vous revois en maintes occasions, la main sur mon épaule, tout en dictant pour toutes, surveillant d'un clin d’œil mes hésitations grammaticales et mes étourderies. Vos récitations, vos chants, ne sont pas oubliés non plus, le départ des hirondelles, si sensible et nostalgique, m'est resté intact. Vous étiez alors mon rayon de soleil. »

Madame Lenoir

À découvrir aussi ci-dessous, le témoignage d'une ancienne élève sur son institutrice, Madame Lenoir, et l'importance qu'elle a eue dans la vie de ses élèves.

« J'ai été dirigée dans mes études par une institutrice, Madame Lenoir, qui était le dévouement en personne, et qui m'a guidé pour l'école normale et pour tout. C'était une véritable institutrice qui était pour l'école laïque à fond, qui passait plus que le temps qu'elle devait donner pour attirer les élèves à l'école, et je vous assure que les parents n'ont eu qu'à se féliciter. [Même] les personnes qui n'ont pas continué leurs études [après son enseignement] étaient [toutes] des personnes valables ».

Monsieur Lunot

Enfin, Monsieur Guillaumeau, sénateur de l'Yonne, se souvient de son ancien instituteur : « J'ai été à l'école de Monsieur Lunot de 7 ans à 12 ans. C'est lui qui m'a amené au certificat en 1925. [...] C'était un instituteur remarquable. Il a fait une génération d'élèves qui ont pris un chemin dans la vie [très positif] grâce à lui, c'est un éducateur parfait. Il était très sévère, j'ai eu quelques fois les oreilles tirées, je pense que je les ai eues moins souvent que je ne le méritais. Nous l'aimions profondément, nous le craignions, c'est certain, mais enfin, nous avions un profond respect pour lui. Monsieur Lunot pour nous, c'était le grand bonhomme. »