Été 2023 : Michel Polnareff était à Paris sur la scène du Palace. Sur l’affiche, du bleu, du blanc, du rouge, des lunettes de soleil et des fesses. Une mise en scène inspirée d’une autre affiche du chanteur. Retour en octobre 1972, quand le postérieur de Polnareff enflammait Paris.
Pour annoncer son prochain spectacle à l’Olympia, Michel Polnareff s’affichait et provoquait. 6 000 affiches furent placardées un peu partout dans la capitale. Dessus, le chanteur était travesti par Paco Rabanne, de dos et avec les fesses à l’air. À l’époque, c’est un scandale ! Dans une France encore très puritaine, ce coup marketing ne passait pas.
Le 7 octobre 1972, le Journal de Paris demandait l'avis des passants. Pour l'un, « ça [me] semble un peu cucul… C’est le mot », tandis que pour une femme, la réaction est choquée : « Ho ! C’est une horreur ! Oh bah, dites donc alors ! » La polémique enflait. Michel Polnareff tentait de se défendre. Au journal télévisé du 22 octobre, il déclarait : « Si les gens estiment mon affiche comme une provocation, c’est qu'eux sont en retard ! Je ne prends pas de plaisir à provoquer, car ça amuse certaines personnes. Et de toute façon, je suis content de voir que le public à plus d’humour que les autorités. »
Une amende pour attentat à la pudeur
L’affiche fut parfois censurée dans la rue, un carré blanc devant les fesses. Mais pour certains Français, au contraire, ce portrait n’a rien de provocant. Le 6 octobre, au journal de 13 h, une femme donnait un avis très tolérant : « Écoutez, je pense qu’on est à une époque où on montre dans les magazines des gens nus à longueur de journée. L’affiche de Polnareff est de bon ton. Ce n’est pas du tout choquant. » Et le lendemain, au journal de Paris, un homme se rangeait au même avis : « Tout compte fait, il a un peu raison. Et c’est un gars sympa, moi j’aime beaucoup. »
Deux mois plus tard, en décembre 1972, l’affaire des fesses de Polnareff prenait encore plus d’ampleur. Le chanteur était convoqué devant la justice. Motif ? Attentat à la pudeur. Le 6 décembre, l'artiste s'exprimait sur ce sujet : « Je crois que tout le monde est très embêté dans cette histoire. Disons que ces gens estiment faire leur métier et je trouve dommage que cette affaire soit allée aussi loin, car c’était un canular. Et tout le monde est obligé de jouer un rôle et c’est très dommage. »
Verdict, 60 000 francs d’amende pour l’artiste.