Entre 1951 et 1965, Fernandel a enfilé cinq fois la soutane de Don Camillo, un brave curé d'Italie, en constante rivalité avec Peppone, le maire communiste de son village et en liaison directe avec Dieu !
Le 2 octobre 1965, alors que l'acteur tourne le 5e opus de Don Camillo (Don Camillo en Russie), Frédéric Rossif, le retrouve à Marseille pour le magazine télévisé Cinéma. Là, entre deux scènes, l'acteur évoque l'importance majeure de ce personnage dans sa filmographie car, il le reconnait, ce personnage d'ecclésiastique en connexion directe avec Dieu reste l'un de ses rôles phare.
Dans cette interview, le comédien toujours vêtu de sa soutane noire, avoue prendre plaisir à retrouver ce personnage pour la 5e fois et à retrouver le petit village italien proche de Bari où il tourne à chaque fois. Il aime les habitudes de tournage comme l’apéro… Il raconte ensuite comment et pourquoi Julien Duvivier lui a proposé ce personnage en 1951, alors que les producteurs italiens étaient contre.
"J'ai vraiment cru parler à Jésus"
Il aborde le succès international de ce premier volet, "il s'est joué quelque chose d'extraordinaire que nous ne pourrons jamais rejouer, confie-t-il, "d'abord la surprise. La surprise du personnage… la surprise de parler à Jésus. Ça c'est un drôle de partenaire vous savez ! J'en ai eu dans ma vie mais je dois dire que celui-là […] j'ai un peu retrouvé mes origines méridionales". Fernandel fait une digression sur cette particularité, "Vous savez que les acteurs méridionaux ont un fond de tristesse et un fond d'humanité […] on dit : les Marseillais, on ne les prend jamais au sérieux. C'est une erreur. Car je crois que nous avons beaucoup plus de sensibilité dans cette région-là. L'esprit de famille est très poussé et ça m'a beaucoup aidé dans les films que j'ai fait, comme avec Marcel Pagnol, où j'avais des scènes d'émotion".
L'acteur mi-sérieux, mi-ironique poursuit, "quand j'ai joué les premières scènes où je parlais à Jésus, j'ai oublié un peu ce que j'étais à ce moment-là […] et comme je suis catholique, j'ai vraiment cru parler à Jésus. C'est pour ça que je crois que j'ai été assez naturel dans ces scènes", plaisante-t-il avant de poursuivre, "Au théâtre, au cinéma ou au music-hall, la sincérité est la première des choses […] soyez sympathique et on vous pardonnera beaucoup de choses. C'est ce que j'ai fait", conclut-il.
Florence Dartois