Belphégor, réalisé par Claude Barma, avec Juliette Greco et Yves Rénier fait date dans l'histoire de la télévision française. Le feuilleton rassembla près de 10 millions de Français à chaque diffusion de cette enquête menée autour d'un fantôme rôdant dans les couloirs du Louvre...
Des téléspectateurs captifs, aujourd'hui on connait, mais en 1965, c'est un exploit ! Si aujourd'hui, le Replay fournit aux fans de série une totale liberté de visionnage, à l'époque, il en était autrement. Chaque diffusion d'un épisode était un événement unique. Il ne fallait surtout pas rater le rendez-vous, sous peine de ne jamais connaître le dénouement de l'histoire.
Le 4 avril 1965, le lendemain du dernier épisode, l'équipe de Au-delà de l'écran se rend dans le quartier du Louvre, où se passe l'intrigue, et interroge les passants sur leur emploi du temps le samedi soir, ces quatre dernières semaine. Et surprise - ou pas - la majorité des téléspectateurs sont restés scotchés devant leur petit écran…
Pour cette femme, c'est une évidence : "Comme tout un chacun."
Un véritable plébiscite, du jamais vu jusqu'alors ! Une jeune-fille avoue même : "J'avais plusieurs sorties de prévues et je les ai annulées."
Ce jeune homme raconte qu'il n'était pas resté spécialement chez lui pour l'occasion mais reconnait quand même :"Je suis tombé par hasard dessus. J'ai vu et je suis resté jusqu'à la fin de l'émission."
Cet homme enthousiaste ajoute : "Je n'ai jamais raté un épisode parce que ça m'a beaucoup plu. Et ça surpasse tous les autres feuilletons que j'ai vu jusqu'à présent."
Et voilà une autre jeune femme "accro" : "Je n'avais pas vu le premier épisode, j'ai vu le deuxième et dès cette seconde fois j'ai été emballée… Pour le troisième épisode j'étais à une soirée, alors, dès le lendemain, j'ai téléphoné à des amis parce que je voulais absolument savoir ce qui s'était passé…"
Et oui... Cruelle époque où le Replay n'existait pas, ni même le magnétoscope ! Un vrai crève-cœur pour les fans de Belphégor, comme le déplorait cette femme : "Malheureusement, j'étais en voyage et je n'ai pu voir que le dernier épisode mais heureusement mon mari était là et il m'a expliqué tout ce qui s'était passé avant. Je le trouvais tellement intéressant ! " déclare-t-elle finalement avec un zeste de nostalgie.
Il y a tout de mêmes quelques récalcitrants, des blasés. Ce monsieur moustachu par exemple qui n'a pas trouvé : "les trois premiers épisodes extraordinaires et le dernier, il m'a laissé sur la faim également. Mais comme dès le premier épisode, il fallait avaler pas mal de couleuvres et bien, disons que la dernière n'était pas trop mauvaise à avaler." D'autres critiqueront la complexité de l'intrigue ou la chute évidente... Reste néanmoins que ce feuilleton révolutionnaire a changé la manière de regarder la télévision.
Globalement, les opinions étaient plutôt positives à la fin de la diffusion, de quoi satisfaire, Claude Barma, son réalisateur. Tout sourire, devant le Louvre, il précise que Belphégor est un feuilleton de "réalisme fantastique. Ce qui nous a amusés, Jacques Armand et moi, c'était de faire un film dans lequel on demande au public une certaine complicité, dans lequel on demande de jouer avec nous, de rêver avec nous. Notre défaut a peut-être été d'avoir essayé d'être un peu trop logique !"
Sur le tournage de Belphégor, 1965
Retrouver Belphégor en intégralité
Si vous êtes nostalgiques et que vous souhaitez revoir les quatre épisodes de ce feuilleton culte de 1965. C'est facile, il vous suffit de cliquer ici !
Feuilleton en 4 épisodes (1965) adapté du roman populaire d'Arthur Bernède paru en 1930. André Bellegarde, un jeune étudiant en sciences, décide de partir à la recherche du fantôme Belphégor qui hante les recoins du Louvre et qui disparaît aussi rapidement qu'il apparaît aux quatre coins de Paris.
Pour aller plus loin
Au-delà de l'écran : Claude Barma à propos des personnages de Belphégor. (4 avril 1965)
Au-delà de l'écran : Maurice Valay à propos des décors de Belphégor. Maurice Valay raconte des anecdotes sur le tournage au Louvre de Belphégor, et parle du métier de décorateur plateau. (4 avril 1965)
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