Mais le bonheur, qu'est-ce que c'est exactement ? Réside-t-il dans la possession ou la consommation effrénée ? L'archive en tête d'article amène un début de réponse, celle d'un écrivain amoureux de Manosque et de la simplicité de la vie provençale. Le 25 décembre 1965, Jean Giono livrait sa propre définition du bonheur dans l'émission « La nuit écoute ».
À 70 ans, l'auteur provençal possédait une vision bien précise du bonheur qui tenait selon lui à une multitude de petites choses quotidiennes, mais surtout pas matérielles. «Le bonheur, précisait-il, je crois, après pas mal d’expériences, s’atteint et se procure par des choses gratuites. De petites choses minuscules auxquelles d’ordinaire on ne fait pas attention, et qui, si on y fait attention, composent le bonheur précisément.»
L'auteur du Hussard sur le toit ou des Âmes fortes décrivait ses petits bonheurs personnels, ses joies «minuscules et nombreuses», énumérant ces instants suspendus, uniques et infinis : «Dans une journée, par exemple, goûter le plaisir de voir passer une averse, le bruit d’un vent particulier dans les arbres, une fleur qu’on aurait respirée, un oiseau qui aurait tapé à la fenêtre et qui aurait chanté, une visite de quelqu’un qui vous aura intéressé par sa conversation». Rien n'échappait à sa quête de bien-être, pas même le détail le plus anodin : «Un travail qui fonctionne très bien, une feuille de papier qui glisse bien, tout ça fait partie du bonheur», concluait-il, un sourire heureux aux lèvres.