Ce jeudi 25 novembre, la justice examine une nouvelle requête en révision du dossier Omar Raddad sur la base de nouvelles analyses des traces d'ADN découvertes en 2015 dans l'affaire Ghislaine Marchal, déposées le 24 juin 2021 par son avocate.
La commission d’instruction de la Cour de révision et de réexamen se réunit à huis clos lors d’une audience devant la Cour de cassation pour trancher. L'enjeu est de taille pour Omar Raddad, en obtenant la révision de son procès, une procédure exceptionnelle, il espère enfin prouver juridiquement son innocence à la lumière des progrès réalisés en matière de génétique.
Rappel de l'affaire
Il y a 30 ans, le 23 juin 1991, Ghislaine Marchal était assassinée dans sa villa de Mougins dans les Alpes-Maritimes. La riche veuve d'un équipementier automobile avait 65 ans avait été retrouvée baignant dans son sang dans la cave de sa propriété. Ses derniers mots, "Omar m'a tuer" écrits en lettres de sang sur une porte, désignaient son jardinier. Arrêté peu de temps après les faits, Omar Raddad a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle en 1994. Bénéficiant d’une grâce présidentielle de Jacques Chirac, il sera libéré le 4 septembre 1998 et déposera deux requêtes en révision de sa condamnation. Mais cette grâce ne vaut pas annulation de la condamnation et ne l'innocente pas.
Aujourd'hui, sa défense, par la voix de son avocate, Me Noachovitch, s'appuie sur la base de nouvelles analyses des traces d'ADN découvertes en 2015 : quatre empreintes génétiques correspondant à quatre hommes non-identifiés, dont deux empreintes parfaitement exploitables et deux autres partielles, ont été trouvées sur deux portes et un chevron proches de la scène du crime. Sur ces deux portes avait été écrit "Omar m'a tuer" et "Omar m'a t" avec le sang de la victime.
Un témoignage rare
Le 8 février 2003, invité de Thierry Ardisson dans l'émission "Tout le monde en parle" à l'occasion de la sortie de son livre Pourquoi moi ?, Omar Raddad se raconte. Il s'agit de l'une de ses rares interviews en longueur. Il évoque comment il a vécu l'accusation du meurtre de son ancienne patronne. Il revient sur son interrogatoire, sur la prison si difficile à vivre pour un innocent et ses interrogations perpétuelles. Il clame son innocence et se demande la raison d'un tel acharnement sur sa personne.
Au total, Omar Raddad a passé plus de sept ans, huit mois et deux jours derrière les barreaux. Ce n'est que grâce à la loi du 20 juin 2014, qui a assoupli les conditions de révision d'un procès criminel, que de nouvelles investigations ont été possibles. Jeudi 24 juin2021, l'avocate de l'ex-jardinier a déposé sa requête au palais de justice de Paris. Avec cette nouvelle procédure, Omar Raddad espère bien être définitivement innocenté. "Au nom des droits de l'Homme je vous demande de le soutenir, parce que véritablement un homme est innocent et se bat (...) Il a certes été gracié mais cela ne le blanchit pas", a déclaré son avocate, Me Noachovitch au moment de la dépose de sa requête.