Lorsque l'on fouille dans les archives audiovisuelles, le constat est sans appel : depuis des décennies des chercheurs alertent l'opinion publique sur bien des risques aujourd'hui avérés : que ce soit sur le réchauffement climatique, la pollution, ou les dangers de l'agriculture intensive…
Ce document de 1970 nous propose, une fois de plus, de découvrir les arguments de trois lanceurs d'alertes méconnus et oubliés depuis. Attablons-nous avec eux et écoutons leur message, qui près de cinquante ans après qu'il ait été diffusé à la télévision, est toujours aussi actuel, sinon plus...
En 1970, on faisait déjà ce constat alarmant. Voilà ce que le résumé de l'émission énonçait : "Trop d'engrais chimiques, d'hormones, d'herbicides et de pesticides menacent notre équilibre physiologique par l'absorption d'aliments qui en sont imprégnés. L'on assiste à un retour en force de l'élevage et de la culture biologiques, à une agriculture plus saine pour l'organisme. A l'unanimité, les bien-portants disparaissent, il faut retourner à des méthodes d'élevage et de culture plus rationnelles, plus saines."
Dans un café, en octobre 1970, à Lunéville, au micro de François Davy, trois scientifiques font part au spectateur de leurs observations quotidiennes : Le docteur Mathieu (médecine générale), le professeur Pécault et le docteur vétérinaire Quiquandon.
"Nous affirmons que ce qui est nocif au départ l'est fatalement pour l'homme, le consommateur."
Le professeur Pécault décrit la situation : "Nous sommes de ceux qui pensons que nous sommes arrivés à une époque où l'évolution des techniques scientifiques nous amènent dans un courant, une cascade de moyens de plus en plus artificiels. Nous affirmons que ce qui est nocif au départ l'est fatalement pour l'homme, le consommateur. Et il est certain que les produits que nous lui proposons actuellement pour se sustenter sont de moins en moins naturels, de plus en plus artificiels."
"De l'équilibre du sol dépend la santé de l'animal et par voie de conséquence, la santé de l'homme."
Docteur vétérinaire Quiquandon : "De l'équilibre du sol dépend la santé de l'animal et par voie de conséquence, la santé de l'homme. Et lorsqu'on utilise des engrais chimiques à ces hautes doses, à plus forte raison, des pesticides ou des hormones et désherbants et bien à ce moment-là on voit apparaître de nombreuses maladies sur les animaux." Il cite la dégénérescence musculaire, l'aggravation des diarrhées, des toxicoses mortelles…. Il décrit les méfaits des engrais azotés, de la potasse.
Il évoque aussi les travaux du prix Nobel de chimie, Linus Pauling, qui a démontré que même une trace infinitésimale de certaines substances chimiques dans l'alimentation empêchait l'assimilation des vitamines. Travaux repris par des médecins russes qui ont changé l'alimentation de malades et les ont nourri en bio et ont obtenu 80% de guérisons totales.
"Il y a une race qui est en train de disparaître, c'est la race des bien-portants."
Le docteur Mathieu poursuit : "Pour l'instant, il y a une race qui est en train de disparaître, c'est la race des bien-portants. Je ne rencontre plus de bien-portants. Certainement, ce fait est dû à la mauvaise alimentation… Notre alimentation est absolument carencée en certains produits indispensables au bon état général de l'individu. On a équilibré les régimes en calories, or c'est une erreur épouvantable d'équilibrer des régimes en se basant uniquement sur les calories. Ce n'est pas ça qui fait l'équilibre en alimentation ce sont tous les éléments : phosphates, azotes, calcium, magnésium etc. qui composent un régime et pas uniquement la calorie…"
A la fin de l'entretien, ils affirmaient être prêts à passer du laboratoire au terrain pour aider les agriculteurs à travailler autrement.
L'étude de 2018
"Cancer : manger bio réduirait les risques de 25%". Dans une étude publiée le lundi 22 octobre 2018 dans la revue JAMA Internal Medicine, et dévoilée par Le Monde, des chercheurs du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques de Paris révèlent que la consommation d’aliments issus de l’agriculture biologique réduit les risques de cancer. L'étude a été effectuée sur 70 000 volontaires, entre 2009 et 2016. Ils ont ensuite divisé en quatre groupes les individus, en les classant des plus gros consommateurs de bio -environ plus de 50 % de leur alimentation-, à ceux qui n’en consomment que de manière occasionnelle, ou jamais. Des caractéristiques socio-démographiques et de modes de vie ont également été prises en compte dans cette analyse.
Durant les sept ans d’étude, 1 340 nouveaux cas de cancer ont été détectés, dont les chercheurs ont ensuite observé la répartition. Et leur conclusion est claire : chez les consommateurs réguliers de bio, le risque de développer un cancer est réduit de 25 %. Les réductions de risque vont jusqu’à 34 % pour les cancers du sein post-ménopause, 76 % pour les lymphomes. Lien vers l'article original.
Pour aller plus loin
"La pollution alimentaire : Bien sûr on n'en meurt pas brutalement. Mais demain, après des années d'absorption quotidienne quels effets pourront-ils avoir sur notre organisme?" Question posée au seul chercheur français, à l'époque, qui travaillait sur la question, le professeur Martin, chercheur à l'Inserm. L'effet des organochlorés qui se logent dans les graisses de l'organisme. "Quand l'organisme a besoin de ces graisses il les remet en circulation et vos produits organochlorés se retrouvent dans la circulation sanguine comme si on vous en injectait dans le sang. A ce moment-là, on pense que chez l'homme, comme chez l'animal, ils peuvent être très toxiques. C'est l'équivalent d'une intoxication aigüe." (1972)
Extraits de l'émission Place publique : l'agriculture biologique en février 1989. Reportage sur l'agriculture biologique et conventionnelle dans la Beauce; Faut-il manger bio ? Enquête sur un marché bio, tests à l'aveugle et interview d'un sceptique, le cancérologue Maurice Tubiana; Alain Bondil, médecin diététicien : "Nous sommes faits de ce que nous mangeons… on peut considérer que 35 % des cancers sont d’origine alimentaire…"; Philippe Desbrosses, agriculteur bio, président du CINAB (joute verbale avec Bernard Guy-Grand (chef de service nutrition Hôtel Dieu de Paris). La baisse de la valeur nutritive des aliments, "la qualité d’un aliment est quand même liée à un sol et à la qualité de ce sol."
Pesticides dans les fruits et légumes… en 1973, on savait déjà! (1973)
OGM : progrès ou danger ? (article)
Les bienfaits du bio déjà reconnus en 1989 (vidéo Flashback)