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Le désarroi d'une mère soignée à la Dépakine : «J'ai eu un énorme sentiment de culpabilité»

Le désarroi d'une mère soignée à la Dépakine : «J'ai eu un énorme sentiment de culpabilité»

Sanofi informait mal les patients sur les risques de la Dépakine dès la fin des années 1990. C'est le sens d'un nouveau jugement prononcé le 9 septembre 2024. En 2008, ce médicament était déjà soupçonné de causer des handicaps chez l’enfant pendant la grossesse.

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 10.11.2020 - Mis à jour le 11.09.2024
 

Le tribunal judiciaire de Paris a déclaré lundi 9 septembre 2024 Sanofi «responsable d'un défaut d'information des risques malformatifs et neurodéveloppementaux de la Dépakine, qu'elle commercialisait, du maintien en circulation d'un produit qu'elle savait défectueux».

Cette décision est le dernier développement en date dans l'affaire de la Dépakine, l'un des principaux dossiers judiciaires liés à la santé publique ces dernières années en France.

La molécule incriminée, appelée « valproate de sodium », a été commercialisée dès 1967 sous la marque Dépakine par le laboratoire Sanofi. Elle est prescrite aux personnes souffrant de troubles bipolaires ou les épileptiques. Dès 2008, ce médicament avait été soupçonné de causer des handicaps chez l’enfant pendant la grossesse. L'archive en tête d'article présente le témoignage anonyme d'une femme qui prenait de la Dépakine alors qu'elle était enceinte. Elle était l'une des premières à engager une procédure contre le laboratoire.

« J’ai porté mes enfants et j‘ai eu l’impression de les avoir empoisonnés »

Au début du reportage, le commentaire précisait : « Cette femme de 36 ans est une mère de famille accablée. Elle est torturée à l’idée d’avoir transmis malgré elle à ses deux garçons une infection proche de l’autisme avec un retard mental manifeste. Depuis qu’elle est ado, elle suit un traitement antiépileptique ».

Le visage caché, la femme témoignait de son accablement : « Au début, j’ai eu un énorme sentiment de culpabilité, c’est moi qui était malade, c’est moi qui ai pris les médicaments et j’ai porté mes enfants, et j‘ai eu l’impression de les avoir empoisonnés ».

Après une première conciliation infructueuse, elle portait alors plainte contre les laboratoires Sanofi. Me Karine Dubois, avocate de la plaignante, précisait que le laboratoire connaissait les implications nocives du traitement : « Ils ont mis en circulation un médicament qui était dangereux pour les enfants à naître. Aujourd’hui, ça figure au Vidal, on sait qu’il y avait des risques pour les mamans enceintes à suivre ce traitement ».

« Y a-t-il une relation de cause à effet entre le médicament incriminé et la maladie des deux enfants ? La réponse préfigure déjà une bataille d’experts », concluait alors le commentaire.

En 2022, Sanofi avait déjà été condamné à verser 450.000 euros à une patiente dont la fille était née avec des malformations en 2005.

Selon des estimations des autorités sanitaires françaises, la molécule serait responsable de malformations chez 2150 à 4100 enfants et de troubles neurodéveloppementaux chez 16.600 à 30.400 enfants..

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