Le 26 septembre 2000 sortait au cinéma polar à couper le souffle. Son réalisateur n'était autre que Mathieu Kassovitz, plus habitué aux longs métrages urbains, à l'image de La Haine. Pourtant, cette année-là, le jeune cinéaste propose l'adaptation du polar à succès, traduit dans 20 langues, de Jean-Christophe Grangé.
"Une enquête policière sur des meurtres étranges, une dénonciation de réseaux néo-nazis qui pratiquent l'eugénisme, des scènes d'actions spectaculaires sur un décor de montagne implacable...". Tous les ingrédients sont réunis pour séduire les amateurs de sensations fortes. Sans oublier un casting de poids, le tandem Jean Réno (le vieux flic désabusé, un "vieux sage") et Vincent Cassel ("un petit con qui n'a pas vécu et qui veut prouver le contraire")
"Quand j'ai vu le résultat final, j'ai été vraiment ébloui"!
L'écrivain a été associé à l'écriture du scénario et a participé au tournage. C'est un auteur ravi par l'adaptation cinématographique fraîchement sortie dans les salles qui est interviewé ce 28 septembre 2000. Edité chez Albin Michel, il est devenu la référence des récits de suspenses. Un précurseur en France, "on se demandait qui était ce Français qui pouvait se permettre de côtoyer les grands maîtres du suspense anglo-saxons, plaisante-t-il. C'est tout naturellement qu'il a participé à l'adaptation de son roman et l'expérience a été positive. "Tout au long du tournage, j'ai pu voir les images. Il m'a montré comment tout se déroulait et vraiment, tout du long, c'était toujours la même satisfaction ! affirme-t-il, avant de poursuivre, "sur le travail des comédiens, sur l'atmosphère de la montagne, sur le travail du décorateur ou de la lumière. Et quand j'ai vu le résultat final, j'ai été vraiment ébloui"!
Certains pourraient comparer le long métrage au film Seven, mais là encore l'écrivain proteste, assurant que son écriture est bien européenne, "le film de Mathieu, comme l'était mon livre, a une très forte identité française et un style européen. Je ne pense pas qu'on puisse l'associer aux Américains qui ont un autre regard sur les mêmes problèmes et même sur les mécanismes du suspense".
Un "pop-corn movie" à la française
Pour le cinéaste pas question non plus d'être comparé aux blockbusters américains...
"C'est pas un film politiquement engagé. C'est un film qu'on appelle aux USA de l'entertainment, un "pop-corn movie", avec un fond social qui reste sous-jacent". S'il reconnait s'inspirer du cinéma américain, Mathieu Kassovitz revendique son droit de s'en écarter, "on se fout de plus en plus de notre gueule. Ça devient des films de grande consommation, où à coups d'effets spéciaux on essaye de nous impressionner, mais l'histoire est moins intéressante… On se fout de la gueule des spectateurs ! Là, j'ai voulu faire un truc, si moi je l'avais vu en tant que spectateur j'aurais dit : "whaouh", je suis content, j'ai passé deux bonnes heures ! Et voilà, on m'a arnaqué mais dans le bon sens "!