Pendant trois mois, des centaines de personnes vont venir témoigner de ce qu'elles se souviennent de cette nuit du 13 novembre 2015 dans le cadre d'une expérimentation menée par le CNRS et l'Inserm en partenariat avec l’Inserm et l’Institut national de l’audiovisuel.
Interroger 1000 personnes – survivants, témoins, proches des victimes, policiers, militaires, médecins, journalistes, résidents et usagers des quartiers visés, mais aussi habitants des quartiers périphériques et des villes de Caen, Metz et Montpellier - et les suivre pendant 10 ans sur la mémoire de ces attentats : c'est l'objectif de ce programme scientifique mené par Denis Peschanski, directeur de recherche au CNRS.
Cette troisième phrase d’entretiens filmés se déroulera 6 jours par semaine dans les 3 studios de l’INA à Bry-sur-Marne, à partir du lundi 13 septembre, avec la même question pour débuter : « Pourriez-vous me raconter le 13 novembre 2015 ? ». Des médiateurs, des enquêteurs et des chercheurs vont recueillir puis analyser les témoignages.
Charge émotionnelle
Afin de les préparer au mieux, une journée de mise en situation réelle a été organisée jeudi 9 septembre au sein des studios de tournage : "C’est impressionnant quand on ne connaît pas l’INA. Les conditions sont idéales pour la mise en place des entretiens, c’est très silencieux donc cela favorise l’écoute durant les entretiens, même s’il y’a les masques et le plexiglas" témoigne Camila, une enquêtrice entourée de ses collègues Antoine, Laura, Claire Mary et Carole.
Ces 3 mois de tournage seront très forts en émotion : "Il y’a forcément du stress et du trac, pour les témoins mais aussi pour les enquêteurs… Il faut être concentré au maximum pour gérer la charge émotionnelle de ces entretiens" explique un enquêteur. "C’est très important pour nous de communiquer avec les techniciens après le tournage car ils connaissent le protocole et cela nous permet de débriefer. Comme nous ne pouvons pas parler des entretiens en dehors du Programme, cela nous permet de « tenir » en tant qu’enquêteur."
Bienveillance
Les images recueillies lors de ces entretiens seront conservées par l’Institut et mises en perspective avec les traces de la mémoire collective telle qu’elle se construit au fil de années - les journaux télévisés et radiodiffusés, les articles de presse, les réactions sur les réseaux sociaux, les textes et les images des commémorations… - avec pour objectif d’élaborer une cartographie de témoignages la plus complète et plurielle possible de la mémoire des attentats du 13 novembre 2015.
"Nous sommes là pour récolter la parole. La consigne majeure c’est la rigueur et la bienveillance" explique Carine Klein-Peschanski, qui coordonne le Programme. "La parole est vraie parce qu'elle est là", poursuit Laura, enquêtrice.
En constituant ce corpus de témoignages opérationnels à des fins patrimoniales et scientifiques, en affinant l’appréhension du Trouble de Stress Post-Traumatique et en croisant les regards disciplinaires, le Programme 13-novembre a pour ambition de conserver et transmettre la mémoire des attentats, élément essentiel à la construction d’une identité collective et de la société de demain.