C’est un acteur qu’on dit en colère, un acteur qui ne joue pas pour ne rien dire. Acteur majeur du cinéma français, Vincent Lindon est connu pour ses prises de position, comme il l'expliquait en 1996 sur le plateau de l'émission « Matin Bonheur » : « Si on m’appelle, si on m’invite sur un plateau télévisé, qu’on me pose une question sur les sans papiers, là je réponds. Alors si c’est ça être engagé, oui je suis un artiste engagé. »
Son engagement est d'abord politique. Ainsi, en 1995, l'artiste soutient Jacques Chirac, candidat à l’élection présidentielle. En 2007, il monte à la tribune pour soutenir François Bayrou : « C’est la première fois de ma vie même, pratiquement, que je m’intéresse à la politique, et c’est la première fois que je suis quelqu’un et je sais que j’ai du pif et que j’ai choisi le bon. » déclare-t-il le 27 mars 2007 en guise de soutien au candidat centriste, qui échoue cependant au seuil du deuxième tour de l'élection présidentielle.
En 2012, Vincent Lindon soutient alors la candidature de François Hollande. En 2014, l'acteur revient pour France 2 sur ses choix politiques passés : « J’ai voté pour François Mitterrand, Jacques Chirac, et pour François Hollande. Le terme de gauche et de droite aujourd’hui ne veut plus dire grand chose [...] Je pense que ce sont des machines de guerre, des énormes stars, des gens qui ont un charisme irrésistible, qui ont dans les valeurs, les mêmes idées pour ce qui est de l'humanitaire et des grandes choses de la vie.
Vincent Lindon, lui, s'engage à travers ses rôles. A la fois vigile, premier ministre ou syndicaliste, c’est son rôle de maître nageur qui vient en aide à un jeune migrant kurde, à Calais, qui l’amène à débattre avec le ministre de l’immigration, Eric Besson, en 2009, sur le plateau de l'émission « Ce soir (ou jamais !), sur France 3 : « Je n’ai pas la prétention de gérer les flux migratoires mais j’ai la prétention de demander à nos dirigeants de nous mettre dans une position où on apparaît comme un pays digne et des gens dignes, et qu’on nous pousse vers le bien, et non pas vers le mal [...] J’ai vu comment les CRS les traitent, c’est pas vrai qu’ils aident les associations de bénévoles. Quand tout à coup il est minuit, il y a une rafle, il faut ranger les trucs, c’est pas vrai qu’on les aide. » Une intervention qui lui vaut la réplique du ministre de l'intérieur Eric Besson, qui lui « suggère de réserver le mot rafle à d’autres périodes sombres de notre histoire ».
Vincent Lindon affiche ses positions et assume son autre rôle ... de donneur de leçons, comme il l'explique sur le plateau de France 2 le 9 février 2014 : « De temps en temps j’en donne des bonnes, de temps en temps des mauvaises.J’aime bien me mêler, j’aime partager, fédérer, c’est la chose que j’aime le plus au monde. »
En 2020, en pleine crise sanitaire, l’acteur fait part de ses craintes sur le plateau de France 2 : « Avant le confinement, il y avait un bruit qui courait, l’être allait devenir meilleur, y compris moi, et en fait non, on a repris nos mauvaises habitudes, reflex, c’est ce qui me fait le plus peur. J’ai vécu toute ma vie dans un monde où les parents se sacrifient pour leurs enfants, et j’ai l’impression là qu’on a sacrifié notre jeunesse pour les parents. »
Vincent Lindon, président du jury du Festival de Cannes cette année, fera peut-être rayonner le cinéma social.