Présidentielle : l'invention du temps de parole
A partir du 19 novembre début de la campagne légale, chaque candidat pourra occuper au total des tranches horaires de 2 h à la radio et 2 h la télévision Comment la question du temps de parole des candidats à l'Elysée est apparue. Une question qui agite le débat public aujourd'hui mais qui remonte à plus de 50 ans, en 1965, première élection présidentielle au suffrage universel direct. Cette année là et pour la première fois, tous les prétendants ont droit à un temps d'antenne équivalent, à la radio et à la télé. Alain Peyrefitte, ministre de l'information, vient vanter l'impartialité du gouvernement. "Le président sortant ne parlera qu'un nombre restreint de minutes alors que l'opposition disposera de 20h d'antenne à l'ORTF, le gouvernement est donc plus libéral et plus démocrate que dans aucune des grandes démocraties occidentales." Alors cette élection de 1965 a-t-elle été vraiment impartiale. D'abord, ces règles ne s'appliquent que durant la campagne officielle, les deux dernières semaines avant le premier tour. Avant, pas de télé. Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat d'extrême droite, s'en plaint lors de sa première intervention. Cela n'a pas été simple de parvenir jusqu'à vous. Songez qu'en 18 mois de campagne électorale, j'ai eu droit à 1 mn de télévision. C'était en octobre 64 et de Galle était en Amérique du Sud. Quand il est revenu il a fait savoir sèchement qu'il avait le monopole de la parole. Idem pour Marcel Barbu, l' un des six candidats. Quant à Mitterrand, il promet des réformes s'il est élu. "Je donnerai à mes adversaires politique, à la minorité, au Gal de Gaulle le droit de s'exprimer devant les français en toute circonstance d'importance nationale et dans tout débat qui méritera discussion". Autre question. Doit-on décompter le temps de parole des ministres du gouvernement Pompidou ? Peyrefitte évacue la question? "Je crois savoir que les ministres s'imposeront une grande discrétion, M. Pompidou nous a demandé de nous abstenir, sauf nécessité de tout déplacement en province, à partir de la campagne officielle. " Problème, les sondages montrent que De Gaulle, le président sortant, perd du terrain face à ses adversaires. Changement de stratégie. Finalement, les ministres du gouvernement ne resteront pas en retrait. Ils multiplieront les interventions sur les ondes pour vanter les réussites du gouvernement Pompidou. Quant à De Gaulle qui ne voulait pas utiliser on temps de parole, qui se pensait au-dessus de la mêlée, il changera d'avis. Charles de Gaulle sera élu au second tour, face à François Mitterrand. Après une campagne pas si impartiale que ça.
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Institut national de l'audiovisuel |
Générique | Rédacteur en chef : Richard Poirot |