La mémoire du fleuve
Le 17 octobre 1961, le FLN manifestait à Paris contre la guerre d'Algérie : la répression a été terrible. Plus de 300 morts selon certains. Maurice PAPON, préfet de police de la Seine, dirigeait les opérations. En 1961, la France et l'Algérie étaient en guerre depuis 7 ans. Cette guerre se déroulait aussi sur le sol français. La rivalité entre le MNA (Mouvement Nationaliste Alégrien) et le FLN (Front de Libération nationale) fait régulièrement des victimes. Les policiers français ont Carte blanche pour tenter de démanteler les réseaux et un véritable climat de guerre civile se développe avec ses dérives : tortures et noyades d'Algériens étaient des pratiques de plus en plus courantes. Maurice PAPON, a décidé d'instaurer un couvre-feu à l'encontre des FMA (Français Musulmans d'Algérie ). Interview de Jean Luc ENAUDI, auteur de "La Bataille de Paris" sur l'appel au rassemblemnt du 17 octobre, après l'insaturation du couvre-feu. Les Algériens ont suivi les consignes du FLN et près de 30 000, hommes femmes et enfants ont convergé vers la capitale. La répression a atteint son paroxysme. Joseph GOMMENJINGER, ancien brigadier de police, de service ce jour-là, se souvient et raconte. Il a essayé de faire réagir son directeur. "Des gens inoffensifs étaient assommés systématiquement et le sang coulait". Jean Luc EINAUDI parle du climat de peur et de vengeance dans les rangs de la police. Les pratiques criminelles s'étaient répandues. Il parle du rôle de PAPON qui a laissé faire, couvrant les policiers. De fausses rumeurs de policiers blessés attisaient la haine. Gilles MARTINET, co-fondateur de "France-Observateur" évoque ses souvenirs. Il parle du silence quasi unanime de la presse, dans le contexte d'une atmosphère de guerre. Toute la nuit, la chasse à l'homme avait continué : près de 12 000 Algériens ont été raflés et emmenés en centres de rétention. Le gouvernement et Maurice PAPON étaient satisfaits. Les journaux s'en sont tenus au communiqué du bilan de la préfecture : "2 morts et 40 blessés". Les voix pour protester ont été rares. Dans les jours qui suivirent, 1500 manifestants ont été renvoyés en Algérie. L'affaire a été étouffée et oubliée, les plaintes des familles n'ont jamais abouti. Il n'y a pas eu d'enquête. Interview de Constantin MELNIK, conseiller du premier ministre Michel DEBRE, chargé des affaires algériennes : "ces faits ont paru comme naturels à la guerre ". Des jours et des jours après le 17 octobre, la Seine a continué à charrier des cadavres. Jean Luc EINAUDI parle des témoins qui les ont vus et se demande qui s'est occupé de faire disparaître ces corps. Interview de Constantin MELNIK sur les noyés. Le nombre exact de morts ne sera jamais connu, l'impunité a été totale, et Maurice PAPON a continué sa carrière.
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France 3 Paris |
Générique | Journaliste : Virginie Delahautemaison Journaliste reporter d'images : Jacques Gauthier Opérateur de prise de son : Christine Donato Participants : Jean Luc Einaudi, Gilles Martinet, Constantin Melnik |
Descripteur(s) | Algérie, Algérien, cadavre, document d'archives, FLN-Algérie, Guerre d'Algérie, Histoire, manifestation, Papon, Maurice, Paris, police, presse écrite, rafle policière, réaction, répression, Seine-fleuve, victime |