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Kamel Daoud

Kamel Daoud

L'invité de 7h50 - 06.01.2016 - 10:36 - vidéo

Léa SALAME et Patrick COHEN sont accompagnés des dessinateurs de Charlie Hebdo, RISS et COCO, un an après les attentats de Charlie Hebdo. Ils reçoivent Kamel DAOUD, écrivain algérien, pour parler de la liberté d'expression et de la lutte contre le terrorisme. Invités : COCO, dessinatrice et RISS, dessinateur et directeur du journal depuis l'attaque terroriste. RISS et COCO ont choisi d'inviter et d'interroger l'écrivain algérien Kamel DAOUD - Itw téléphonique de Kamel DAOUD. Kamel DAOUD leur demande de continuer à dessiner. Un dessin n'a jamais tué personne. Il considère que ce qui se passe en France et à l'échelle du monde c'est ce qu'il s'est passé en Algérie durant la guerre civile mais à plus grande échelle. Un combat entre humanité et inhumanité. Il remarque que la France pêche par les mêmes faiblesses qu'en Algérie à l'époque notamment dans les réaction politiques. Il constate qu'il y a en effet de l'autocensure en France. - RISS reconnait qu'il est difficile de rester fidèle à ses idéaux sans sombrer dans la naiveté ou la paranoia. - COCO explique qu'ils ont reçu beaucoup de dessins mais on ne s'improvise pas dessinateur de presse en trois semaines après des attentats. - RISS s'interroge sur la place très importante donné aux religieux dans un pays démocratique et laique comme la France. - Kamel DAOUD déplore que les instances religieuses soient devenues des instances consultatives automatiques. Il est choqué par la polémique autour de la une du dernier Charlie Hebdo (numéro spécial un an après les attentats). "Les gens se représentent Dieu et parlent en son nom, pourquoi d'autres ne peuvent pas le dessiner et se représenter cette représentation ?" La lutte contre le terrorisme ne se fait pas en se croisant les bras mais il ne faut pas verser dans le tout sécuritaire. - RISS se dit presque gêné par la question sécuritaire car il bénéficie lui-même d'une protection policière et il est obligé de vivre avec ça. [Source site internet de France Inter] L'écrivain algérien, sous le coup d'une fatwa et confronté au combat contre l'extrémisme et la terreur dans son pays appelle les pays occidentaux à combattre le groupe armé État islamique. Il est l'invité de l'équipe de Charlie Hebdo. (Patrick Cohen) Est-ce que vous avez un message pour Charlie Hebdo, un an après ? (KD) Continuez à dessiner malgré ce qu'on veut vous faire dire, à ce qu'on veut trouver à vos dessins. Les dessinateurs ne tuent personne. (Riss) On nous dit que depuis un an il se passe ce qui s'et tout doucement passé dans les années 90 en Algérie, qu'est-ce que vous pensez ? (KD) Oui je pense que c'est comparable mais à plus grande échelle, dans le reste du monde : entre barbarie et culture, entre mort et vie. [..] En Algérie, nous voyons souvent les drames du monde comme un remake, que nous avons vécu sans Youtube, sans internet. En France aussi vous réagissez parfois avec les mêmes faiblesses que nous, les Algériens, à cette époque : incompréhension entre familles politiques. Je pense que vous êtes en train de partager une partie de nos faiblesses, de nos myopies. (Coco) L'autocensure s'installe en France aujourd'hui ? (KD) Il y a de l'autocensure pour des raisons de communautés [...]. L'autocensure est due au fait qu'on veut parfois être humaniste. Des mécanismes d'interdit s'installent de plus en plus chez vous. (PC) est-ce que ce n'est pas de la peur plutôt ? (Riss)Ce n'est pas injustifié : tout peut recommencer. On a le cul entre deux chaises : tout va aller mieux ou on sombre dans la parano. (PC) Vous avez reçu beaucoup de propositions de dessinateurs après janvier 2015 ? (Coco) on a ouvert une adresse Gmail sur laquelle les gens envoyaient des dessins. Il y avait beaucoup de dessins amateur. Etre dessinateur de presse ça ne s'improvise pas. [...] Mais on a trouvé un dessinateur : Pierrick Juin qui fait partie de l'équipe. (Riss) certains sont craintifs et disent : qu'est-ce qui va se passer si on l'apprend ? (Léa Salamé) vous le ressentez ce manque de faiblesse dont parle Kamel Daoud ? (Riss) C'est délicat d'aborder la question du religieux dans une société laique. Le Président a accueilli les autorités religieuses hier. Je ne sais pas s'il faut accorder tant de place au religieux dans une société moderne. (LS) : On peut poser la question à Kamel Daoud ? (KD) Je crois que oui. Les instances religieuses sont devenues des instances consultatives automatiques. Je pense qu'on est dans une sorte de glissement mondial. On est dans des positions où la liberté se justifie sans cesse. J'ai suivi les polémiques sur la Une de Charlie : les gens se représentent Dieu, pourquoi les autres ne pourraient-ils pas le représenter ? (Thomas Legrand) Est-ce que l'état d'urgence ou les nouvelles dispositions en faveur de la police font partie de l'affaiblissement, de cette réaction post-attentat ? C'est une pente inévitable. Il faut une réponse sécuritaire, même si elle suppose une privation de liberté, des excès. [...] mais la réponse sécuritaire n'est pas la seule. Il faut empêcher que les gens basculent vers ce fascisme-là. Oui, la réponse policière est justifiée car il s'agit de quelque chose d'irréparable : la vie. (LS) Riss la réponse sécuritaire est inévitable. Dans un de vos dessins on voit des policiers qui encerclent des gens, apeurés avec ce commentaire : ' 2016, année du survivre '.Est-ce qu'on touche à notre démocratie, est-ce que ça vous fait peur ? C'est le piège dans lequel tous les terroristes ont voulu plonger les démocraties. J'ai une protection policière, donc c'est inconfortable. On est obligé de vivre avec. J'ai de la chance ils sont plutôt sympas.

Producteur / co-producteur Radio France
Générique Producteur : Léa Salamé Présentateurs : Patrick Cohen, Léa Salamé Participants : Kamel Daoud, Coco-dessinatrice, Riss-dessinateur
Descripteur(s) dessin humoristique, dieu, religion, terrorisme, France, Algérie

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