Chaque année au mois de mai, les bouddhistes célèbrent Vesak, une fête à la fois culturelle et religieuse mêlant processions religieuses et carnavals laïcs, durant lesquels les habitants se rendent en procession vers les monastères bouddhistes pour célébrer la vie du Bouddha. En mai 2004, le magazine « Voix Bouddhistes » s'était rendu à Bodh Gaya, dans le nord de l'Inde, pour assister à ces célébrations.
L'archive en tête d'article est un reportage présentant des extraits d'une pièce de théâtre jouée pour l'occasion et qui retraçait les temps forts de la vie du fondateur du Bouddhisme. L'acteur principal de la pièce et un moine bouddhiste apportaient leurs regards croisés sur la vie de Siddhartha Gautama, un « être humain parti en quête de vérité » et premier Bouddha éveillé.
La légende du prince devenu Bouddha
Le prince Siddharta Gautama est né dans le sud de l’actuel Népal. Il fut élevé dans la pure tradition des rois guerriers, entouré de luxe, ignorant tout du monde extérieur et de ses souffrances. Comme tous les hommes de sa lignée, il se maria et eut un fils. Un jour, désireux de découvrir le monde de ses propres yeux, le prince Siddhartha décida de quitter son palais en compagnie de son serviteur. À l'extérieur, il découvrit la vérité et la cruauté du monde que son père avait voulue lui cacher : la pauvreté, la souffrance, la maladie, la vieillesse et la mort. Une prise de conscience qui devait changer sa vie. Suite à cette expérience le prince décida de quitter sa vie luxueuse et sa famille pour partir sur la voie du renoncement en quête de la nature ultime de l’homme. Son ascétisme le conduisit aux frontières de la mort. À 35 ans, il décida de s’asseoir sous un arbre pour méditer. Après avoir passé une nuit entière à combattre des démons, il atteignit l’Éveil : le Nirvana. Désireux de partager son expérience, il enseigna sa doctrine aux autres les 45 années suivantes. Le Bouddha refusa qu’on le vénère. Après avoir donné son dernier enseignement sur l’impermanence, le Bouddha s’éteignit à 80 ans pour rejoindre l’éveil ultime.
L'ARCHIVE.
La pièce présentée à l'occasion de Vesak dont il est question dans notre archive revient sur le parcours de Siddhartha et expose les principaux enseignements bouddhistes. Il y est question d'humanité, car le Bouddha était avant tout un homme. L'acteur principal insistait sur ce point capital : « C'est un être humain parti en quête de vérité qui réalisa la nature véritable de la vie en atteignant l’éveil. Il bouleversa l’histoire de la spiritualité en enseignant aux hommes ce qu’il avait appris ».
Le message était clair, l’Éveillé ne devait pas être considéré comme un dieu. D’ailleurs le bouddhisme ne reconnait pas l’existence d’un dieu créateur, c'est ce qu'expliquait ensuite le moine, Lakthor Rimpoché, interrogé dans ce reportage : « Nous croyons en l’action et la responsabilité de chacun. Si vous voulez changer et évoluer, c’est à vous de travailler pour y parvenir. Le Bouddha montre le chemin à suivre. » Selon lui, suivre l’enseignement du Bouddha permettait d’éviter de se perdre dans une dévotion et une foi aveugle et Bouddha lui-même assurait qu'il fallait suivre ses enseignements, « non par respect pour lui, mais seulement si on pensait qu’il était utile pour sa propre évolution ».
Selon Bouddha, chaque être humain aspirait profondément au bonheur et à l'abolition de la souffrance inhérente à la condition humaine. Pour ne plus souffrir, il fallait trouver les causes de la souffrance et les éliminer. De même pour connaître le bonheur, il fallait trouver les causes et les cultiver. « C’est seulement de cette manière que nous pourrons accéder à un bonheur durable », soulignait Lakthor Rimpoché.
Une philosophie de vie
À travers le récit du parcours de Bouddha, la pièce permettait aux spectateurs d'appréhender les huit étapes du cheminement vers l’Éveil : une parole juste, des actions justes, un travail juste, un effort juste, une conscience juste et une concentration juste. Et enfin, la compréhension juste et la résolution juste.
Pour le moine interviewé, c'est en écoutant la parole de Bouddha et en l'expérimentant quotidiennement qu'on pouvait espérer atteindre « un bonheur durable et stable, au-delà de la souffrance. En cela cette philosophie est un véritable mode de vie », ajoutait-il.
À la fin de la pièce, les comédiens jouaient un passage important de l'enseignement de Bouddha, celui où il révélait à son père âgé l’existence de la réincarnation : « La fin de cette vie engendrera une nouvelle vie. Là où la mort est, la naissance sera. Là où est la naissance, la mort sera (…) Nous sommes à l’image de ces flammes, un courant de conscience ininterrompue ».
En conclusion, le moine abordait un denier point essentiel de la pensée bouddhiste, celle de l’interdépendance : « Nos existences sont liées les unes aux autres puisque toute chose n’existe qu’en dépendance avec d’autres phénomènes. » Il ajoutait, « Si on fait du mal aux autres, on se fait mal aussi. Si on détruit l’environnement, c’est notre propre maison que l’on détruit ».
On estime le nombre de bouddhistes dans le monde à environ 600 millions de personnes.