L'ACTU.
Vitale pour la distribution d'aide aux Palestiniens à Gaza, l'Unrwa (l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens) est accusée par Israël d'employer, parmi sa dizaine de milliers de salariés, des personnes impliquées dans l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023. À la suite du licenciement d'employés suspectés, dix-sept pays, parmi lesquels les États-Unis, l'Allemagne et la Suède, ont suspendu leurs subventions au programme.
Mais selon des experts mandatés par l'ONU, Israël n'a pas fourni les preuves de ce qu'il dénonce. Selon le rapport de ces dits experts, l'Unrwa, dont la neutralité n'est pas parfaite, est «irremplaçable et indispensable» aux Palestiniens.
Des accusations de détournement de l'agence par des groupes armés palestiniens, tels que le Hamas, avaient déjà été portées ces dernières années. Comme au milieu des années 2010, où l'ONU avait enquêté sur l'utilisation d'écoles de l'Unrwa, sanctuarisées, pour le lancement d'attaques ou le dépôt d'armes.
Israël est allé plus loin le 28 octobre 2024 en votant un projet de loi interdisant les activités sur son territoire de l’agence. Un autre texte, également largement adopté, interdit aux responsables israéliens de travailler avec l’Unrwa et ses employés, ce qui devrait perturber les activités de l’agence. Une décision qui a provoqué un tollé international sans précédent.
LES ARCHIVES.
« La troisième génération d'enfant est en train de naitre dans les camps de Gaza, où la vie s'est organisée après 1948 grâce à l'Unrwa, agence des Nations Unies pour l’assistance et l'emploi des réfugiés palestiniens. » En février 1972, l'ORTF proposait un long reportage auprès des réfugiés palestiniens de Gaza. L'extrait en tête d'article proposait un aperçu du travail de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, l'Unrwa. Ce programme de l'ONU fut mis en place en 1949, au lendemain de la création d’Israël et du premier conflit arabo-israélien. Il devait venir en aide aux déplacés palestiniens ayant fui ou été expulsés de leur territoire, dans l'attente d'une situation perenne.
Près de 700 000 Palestiniens recevaient une carte de réfugié, leur « bien le plus précieux ». Et le journaliste de détailler : « Chaque mois les familles reçoivent les rations de nourriture qui assurent les 1500 calories journalières indispensables à la survie. La plupart s'en contentent. » Dans le camp de Gaza que visitait la caméra de l'ORTF, une jeune réfugiée, née là-bas, racontait son quotidien tandis qu'hommes, femmes et enfants venaient chercher de la farine, de l'huile et autres vivres.
En attente d'une situation pérenne
Plus loin, on découvrait des « constructions provisoires », édifiées par l'Unrwa en 1948 « pour permettre aux Palestiniens d'attendre le règlement de leurs problèmes ». Dans ses locaux au sein du camp, l'Unrwa dispensait « un minimum d'instruction élémentaire pour les enfants », subvenait aux besoins des orphelins, veillait à la santé des habitants, accueillait une maternité.
20 ans plus tard, en 1995, le correspondant de France 2 au Proche-Orient Charles Enderlin proposait un reportage dans une école de l'Unrwa. Le journaliste décrivait une « école surpeuplée qui fonctionne dans des conditions d'extrême pauvreté, sans le moindre équipement audiovisuel, sans photocopieuse, sans ordinateur. »
Ecole de l'ONU à Gaza
1995 - 01:55 - vidéo
L'action de l'ONU sur place, disait-il, permettait de faire reculer l’illettrisme et d'apporter une ration alimentaire minimale aux 650 000 Palestiniens de Gaza. « L'avenir s'annonce difficile, la population doit doubler en quinze ans à Gaza. » Et de noter le nécessité de conserver un budget conséquent.
« La population ne cesse d'augmenter chez les Palestiniens, ce qui entraine désespoir et violence ». En 2002, Charles Enderlin faisait le point sur la situation et commentait une situation désastreuse. « La population palestinienne est tombée dans une misère qu'elle n'avait pas connu depuis 1948. » En pleine intifada, l'Unrwa effectuait tant bien que mal son travail mais, précisait-on, les enfants risquaient de ne pas avoir le droit à une éducation décente comme leurs parents et grands-parents.
Augmentation de la pauvreté dans les territoires palestiniens
2002 - 02:25 - vidéo
Un précédent dans la suspension de subventions
En 2018, le président des États-Unis Donald Trump décidait de supprimer les aides de son pays à l'Unrwa. Elles seront rétablies à l'arrivée de Joe Biden en 2021. L'archive ci-dessous montrait les conséquences directes qu'un manque de moyens avaient sur la situation des réfugiés palestiniens. En particulier pour les 520 000 enfants qui étudiaient dans les écoles de l'Unrwa. « Si les fonds ne nous parviennent plus, on ne sait pas ce que vont devenir nos 600 écolières », racontait une professeure en Cisjordanie.
Donald Trump supprime l'aide US à l'UNRWA destinée aux Palestiniens
2018 - 02:09 - vidéo