La tentative de putsch du 15 juillet 2016 mettait en lumière les tensions qui existent en Turquie entre l’institution militaire, gardienne traditionnelle de la Constitution et du modèle laïc d’Atatürk, et la société civile. Le parti AKP, au pouvoir depuis 2002, se veut en effet le représentant d'une population majoritairement sensible aux valeurs islamiques et traditionnelles. Surtout, le putsch s’inscrit dans la lignée d’un interventionnisme militaire qui s’est déjà traduit par plusieurs coups d’état et pressions politiques de l’armée ces dernières décennies.
Le coup d'état de 1960
Le 27 mai 1960, un coup d’état a lieu. L’armée renverse le gouvernement d’Adnan Menderes, au pouvoir depuis 1950 et en butte à de fortes contestations populaires. Les militaires justifient leur action en affirmant vouloir rétablir les valeurs essentielles de la Constitution kémaliste mises à mal selon eux par Adnan Menderes. En 1961, ce dernier sera jugé et condamné à mort.
La crise de 1971
Le 12 mars 1971, l’armée pousse à la démission le premier ministre Süleyman Demirel. Elle se veut encore une fois juge du bon fonctionnement de la Turquie kémaliste et décide donc d’écarter un gouvernement qu’elle critique pour « corruption et mollesse devant les factions extrémistes ».
Le coup d'état de 1980
Le 12 septembre 1980, un nouveau coup d’état intervient, dans un contexte économique et politique chaotique. Le pays, touché par plusieurs crises graves (problème kurde, tensions religieuses et géopolitiques avec l’Iran, crise économique) est en effet à bout.
Mais c’est surtout la situation économique catastrophique du pays qui va dans un premier temps justifier l’intervention de l’armée.
Nouvelles pressions de l'armée, en 1997
En juin 1997, après 11 mois au gouvernement, le premier ministre Necmettin Erbakan est poussé à la démission après des pressions de la part de l’armée.
C’est à cette époque l’émergence de l’islamisme politique, dont Necmettin Erbakan est alors le chef de file. L’armée, fidèle au laïcisme constitutionnel, et appuyée par les médias et le milieu économique, s’oppose à sa politique.