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Avion : le réchauffement climatique est-il responsable d'une intensification des turbulences ?

Avion : le réchauffement climatique est-il responsable d'une intensification des turbulences ?

Depuis un an, les incidents liés à des trous d'air violents se sont multipliés. Le réchauffement climatique est mis en cause. Le 21 mai 2024, pour la première fois, une personne est morte au cours du vol sur Singapore Airlines à la suite de turbulences. C'est quoi exactement un trou d'air ? Nos archives alertaient-elles sur un possible lien entre les modifications du climat et des turbulences ?

Par Florence Dartois - Publié le 31.05.2024
 

L'ACTU.

Le 21 mai 2024, une personne a perdu la vie au cours d'un vol entre Londres et Singapour, après que le Boeing 777 de Singapore Airlines a fait une chute brutale de 2000 mètres en moins de cinq minutes. La victime a succombé à un arrêt cardiaque. Ce trou d'air exceptionnel a également fait une trentaine de blessés. La plupart des victimes ont reçu des projectiles éjectés des coffres à bagages, alors que d'autres, pas attachés, ont été propulsés contre les parois de la cabine.

LES ARCHIVES.

Les turbulences sont un phénomène bien connu en aéronautique. Nous vous proposons de mieux comprendre de quoi il s'agit grâce à l'archive disponible en tête d'article. C'est un sujet didactique, diffusé dans le 20 heures de TF1 en avril 1998, à la suite d'un incident qui s'était déroulé entre Paris et New York. Trente-six passagers d'un Boeing 747 de la Tower Air assurant avaient été blessés lorsque l'appareil avait traversé une zone de turbulences. L'incident était survenu au-dessus de l'Atlantique, 45 minutes avant l'atterrissage à l'aéroport international JFK. L'occasion de donner des explications scientifiques des turbulences, dues à des trous d'air.

À l'époque, le journaliste précisait que ces incidents étaient peu fréquents et pas dangereux car il était rare que les avions traversent des cumulonimbus si conséquents « pouvant monter jusqu'à de 15 000 mètres de hauteur et parcourus par des flux verticaux ». Pris dans ces sortes de cheminées, l'avion montait alors brutalement pour être ensuite, à la sortie, plaqué brutalement vers le bas. Des schémas en animation, aujourd'hui très vintage, décrivaient ces trous d'air redoutés des pilotes. François Granger, pilote de ligne décrivait les manœuvres à effectuer pour sortir de ces zones.

Par sa voix, le sujet dispensait ensuite des conseils et recommandations préventives aux passagers. François Granger recommandait « pour se protéger et protéger les autres » de rester attaché pendant tout le vol et de n'emporter que « de petits bagages qui ne représenteront pas de projectiles en cas de turbulences sévères. »

Des passagers, blessés, décrivaient ensuite ce qu'ils avaient vécu, un seul choc avait causé une grosse frayeur. L'un des pilotes expliquait que les principales victimes se situaient à l'arrière de l'avion.

Des trous d'air bien connus

Les constructeurs d'avion et les équipages connaissent bien ces phénomènes météorologiques. L'archive ci-dessous, qui date de 2009, explique comment constructeurs, compagnies aériennes et météorologues étudient cette question pour parer à tout incident grave.

Les pilotes de ligne, avant de décoller, étudient des cartes météorologiques. Le commandant de bord a la responsabilité de la sécurité de l'avion et des passagers et décide du plan de vol. L'équipage peut modifier la trajectoire latéralement ou verticalement pour éviter les orages. Les effets des turbulences sont testés en laboratoire par les constructeurs. Les météorologues étudient la zone de l'équateur et auraient constaté une augmentation de l'intensité des cyclones.

« Le changement climatique va jouer de sales tours aux avions. Vous avez la trouille vous quand ça commence à secouer ? Il va falloir vous habituer aux turbulences. Surtout sur les vols transatlantiques ». En 2016, sur France Inter, après la publication d'une étude scientifique, la journaliste Nathalie Fontrel décrivait l'impact des modifications du climat sur les turbulences, notamment au-dessus de l'Atlantique. « Le réchauffement du pôle Nord donne le hoquet à l'atmosphère. Il multiplie les trous d'air. Ils seront deux fois plus nombreux sur un Paris New York. Jusqu'à 14 minutes de secousses ».

Ce dernier reportage de 2023, diffusé dans le 20h de France 2, établit le lien entre réchauffement climatique et intensification des perturbations en avion. Un lien désormais validé par les scientifiques qui s'accordent à dire qu'elles seraient de plus en plus fréquentes.

Xavier Tytelman, spécialiste de la sécurité aérienne, expliquait que pour la structure des avions, il n'y aurait aucun problème à supporter ce changement car ils étaient conçus pour supporter les turbulences « à 150% des pires turbulences qui existent dans l'atmosphère terrestre , précisait-il, avant d'ajouter, mais par contre les passagers ne vont pas le supporter. Alors on va changer d'altitude pour sortir de la zone la plus turbulente. ».

Les avions sont aussi équipés de radars pour détecter les zones à risque. Reste les trous d'air imprévus, surgissant en zone claire, comme l'expliquait Daniel Schertze, expert en météorologie. Et là, pas de parade, « vous pouvez tomber n'importe où » concluait-il.

Alors, le conseil restait le même qu'en 1998 : rester assis et attachés pendant tout le vol !

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