LE FILM CULTE.
La comédie paillarde Les Galettes de Pont-Aven fit sensation. Le film est sorti sur grand écran le 20 août 1975. Aux manettes, le cinéaste et romancier Joël Séria. Son long métrage raconte les pérégrinations d'un représentant en parapluie nommé Henri Serin, interprété par Jean-Pierre Marielle. Il mène une vie tranquille entre son travail, sa famille et sa peinture. Mais au cours de ses nombreux déplacements professionnels, le VRP s'octroie quelques frasques amoureuses qui le changent d'un quotidien jugé trop routinier.
L'ARCHIVE.
Le 28 mai 1975, on tournait les dernières scènes du film et les caméras de France 3 Rennes filmaient les derniers coups de manivelle. Sur la plage bretonne, au milieu des vacanciers transformés en figurants, le réalisateur dirigeait Marielle qui distribuait des beignets en sautillant. Sur le clap, on aperçoit le titre qui était prévu à l'origine, L'Oie blanche.
L'équipe se mettait en place pour tourner la scène avant la pluie. Entre deux prises, le premier rôle du film se confiait, « Y'a des acteurs qui disent : moi, j'aimerais jouer Hamlet, Othello, j'aimerais jouer ceci ou cela. Moi non. J'attends. C'est une quête perpétuelle, j'attends des scénarios et quand des scénarios me touchent, m'inspirent, me plaisent, j'essaye, dans la mesure du possible, de les faire et de les tourner. »
Près de sa caméra, Joël Séria expliquait pourquoi il tournait à nouveau avec l'acteur, c'était leur seconde collaboration, « ça m'a beaucoup plu de travailler avec lui dans" Charlie et ses deux nénettes". Je me suis aperçu que c'était un grand acteur et j'aime bien employer toujours les mêmes gens. Avoir une équipe. J'aime bien travailler avec les mêmes personnes. »
Une équipe en osmose
Puis c'était au tour de Jeanne Goupil et de Nathalie Drivet d'être interviewées devant une immense pile de galettes bretonnes. Elles aussi jouaient dans le précédent film de Joël Séria. Cette fois, Nathalie jouait un petit rôle de servante, « dans une auberge, elle rencontre Jean-Pierre Marielle et elle lui parle d'Angela, l'héroïne du film ». Quant à Jeanne Goupil, qui interprétait selon le journaliste, « la beauté du Diable », elle incarnait « une petite bonne qui vend des crêpes sur les plages l'été et puis je rencontre monsieur Henri, Jean-Pierre Marielle, et je lui fais retrouver un peu le goût à la vie ».
L'acteur expliquait ensuite sa manière de sélectionner ses films, « on est exigent avec les sujets qu'on choisit, mais généralement, si on a un sujet qui nous plait, ça prouve qu'on a quelques atomes crochus avec le metteur en scène. Donc il n'y a pas de raisons que ça n'aille pas bien ». Le journaliste revenait plus tard sur son étiquette de « second rôle », ce qui amusait beaucoup l'acteur. « J'espère que maintenant, je serai un bon premier rôle. Il vaut mieux être un bon second rôle qu'un mauvais premier rôle », s'esclaffait-il.
Quant au réalisateur, il ajoutait, à propos de son ambition, « il y en a qui ont des histoires à raconter et d'autres qui ont des choses à transmettre, particulièrement. Moi, je raconte des histoires et peut-être qu'à l'intérieur, il y a des choses que je veux transmettre, mais sans vraiment le vouloir. C'est inconscient de ma part. »
Pour terminer dans la bonne humeur, Jeanne Goupil et Jean-Pierre Marielle improvisaient une chanson, un « kenavo » [au revoir en breton], en parfaite harmonie !
Pour aller plus loin :
Monsieur cinéma : Jean-Pierre Marielle décrit le propos du film Les Galettes de Pont-Aven. L'acteur explicite le titre du film. (6 juillet 1975)