Selon la Fondation Jean Jaurès, "en 2018, 8 Français sur 10 croyaient au moins à une théorie du complot. Ce sont les jeunes qui sont les plus réceptifs à ces théories." Face à ces états de fait et à la profusion d'informations, Emmanuel Macron a installé mercredi 29 septembre une équipe d'une quinzaine d'universitaires et personnalités, présidée par le sociologue Gérald Bronner, chargée de faire d'ici à la fin de l'année des propositions face à l'emprise des théories complotistes et de la désinformation dans le débat public. Retour sur trois exemples qui alimenté les théories.
1969 : la mission Apollo 11
Le 20 juillet 1969, les astronautes américains Neil Armstrong et Buzz Aldrin sont les premiers humains à marcher sur la Lune. Une partie de la population américaine commence alors par douter de la véracité de cet événement. Cette défiance vis à vis du gouvernement et des institutions s'accentue dans les années 1970 avec le scandale du Watergate et la Guerre du Viêt Nam.
Les arguments avancés par les négationnistes sont divers : le drapeau américain flotte au vent alors qu'il n'y a pas d'air sur la Lune, l’alunissage s'est en fait déroulé sur Terre dans un studio de cinéma, les astronautes liés aux différents programmes Apollo seraient morts dans d'étranges circonstances afin de garder le secret...
Thomas Huchon, journaliste à Spicee et spécialiste des théories du complot, démontait ces arguments dans un reportage de France 2 diffusée en 2018 : "Tout le monde le sait, la gravité empêcherait un drapeau de flotter sur la Lune. Mais en y regardant de plus près, on peut se rendre compte qu'il y a sur le haut du drapeau, une baguette qui a été placée afin de faire une photo d'une meilleure qualité."
La Nasa a même montré des photographies officielles de la Lune prises par un satellite. Celles-ci montrent les traces laissées sur la Lune par les différentes missions Apollo.
La photo sur laquelle le drapeau semble "flotter" au vent
1997 : la disparition de Diana Spencer
Le 31 Août 1997, vers 00h20, la Mercedes dans laquelle se trouvent Diana Spencer et Dodi Al-Fayed percute un pilier du pont de l'Alma à Paris. Ce dernier meurt sur le coup tandis que Diana sera déclarée morte plusieurs heures plus tard. Très vite, la disparition de la princesse alimente les théories du complot. Un an après l'accident, le chauffeur de la voiture (décédé cette nuit là), est accusé par Richard Tomlison, un ancien agent du MI6. Il a évoqué la possibilité que le chauffeur avait pu recevoir ce soir là une forte somme d'argent afin de provoquer l'accident.
"Ils planifient un accident de ma voiture pour que Charles puisse se remarier."
Ces mots auraient été écrits dans une lettre par Diana Spencer elle-même. En 2003, c'est au tour de Paul Burrell, l'ancien majordome de Diana, de livrer sa prétendue version des faits. Selon lui, elle aurait été tuée afin de permettre au prince Charles de se remarier avec Camilla Parker Bowles. Cette lettre, publiée par le "Daily Mirror" laissait circonspect le rédacteur du journal : "Tout ce que je sais, c'est qu'avant d'avoir lu cette lettre, j'étais absolument sûr que la mort de Diana était un accident. Maintenant, comme beaucoup d'autres, je me demande si il y a quelque chose de vrai derrière ces révélations."
Ces divulgations arrivaient au moment de la parution du livre de Paul Burrell. Alors, vraies révélations ou simple coup de pub de la part de l'ancien majordome ?
2001 : les attentats du World Trade Center
"Images fortes, ton dramatique et questions récurrentes. Pourquoi les tours sont elles tombées si vite ? Réponse avec un mot-clef : explosion"
En 2001, c'est au tour des attentats du World Trade Center de faire l'objet de théories du complot. Certains artistes français comme Marion Cotillard et Jean-Marie Bigard contestaient même la version officielle de ces attentats. Sur Europe 1, en 2008, l'humoriste Jean-Marie Bigard expliquait : "C'est sûr et certain que les deux avions qui se sont écrasés dans la forêt et le Pentagone n'existent pas. Il n'y a jamais eu d'avions. Ces deux avions volent encore. C'est un mensonge absolument énorme." Les deux comédiens reviendront ensuite sur leurs propos.
En 2008, une équipe de France 2 partait à la rencontre de trois jeunes américains, réalisateurs du film conspirationniste "Loose Change", dans lequel ils remettent en cause les attentats du 11 septembre. Ils ne se considèrent pas comme négationnistes mais plutôt comme des hommes d'affaires en vendant leur film sur le net.
17 ans après les faits, les théories du complot concernant ces attentats continuent d'alimenter la toile. En cause ? De "nouvelles informations" qui sont révélées petit à petit selon le journaliste Guillaume Dasquie : "Dès que des informations sortent avec le temps, elles sont immédiatement recyclées par les conspirationnistes qui trouvent une raison pour dire qu'ils ont raison."