Après deux ans d’absence, la 24e Techno Parade lance un appel « à faire la fête ensemble », pour une meilleure reconnaissance des musiques électroniques. La dernière édition de la Techno Parade s’était déroulée en 2019. Après deux ans d'absence pour cause de crise sanitaire, la Techno Parade, vitrine des musiques électroniques, fait son retour le samedi 24 septembre 2022 à Paris. Pour l’occasion son parcours s’étendra entre Denfert-Rochereau et Nation, en passant par Bastille, soit 6,5 km, l'un des plus longs depuis sa création en 1998.
Depuis sa première édition, en 1998, la ville de Paris se transforme tous les deuxièmes samedis de septembre en une immense fête techno. Sous le soleil ou sous la pluie, les aficionados de musique électronique se rassemblent le temps d’un défilé haut en couleur dans les rues de la capitale : chars, déguisements, la Techno Parade a des allures de carnaval géant. Directement inspirée de la Love Parade berlinoise, la Techno Parade parisienne a pourtant mis plusieurs années à être adoptée en France. Victime de sa mauvaise réputation, la musique techno était alors souvent stigmatisée et assimilée aux problèmes de drogues récurrents dans les raves-partys. Elle ne faisait pas l'unanimité dans les pouvoirs publics. Mais un homme politique s'était pourtant battu pour qu'elle voit le jour à Paris, Jack Lang. Il allait devenir le parrain de cette première édition.
L'archive en tête d'article est un extrait du JT du 20h00 de France 2 présenté ce soir-là par Béatrice Schönberg. En duplex depuis la Place de la Nation, malgré l'ambiance bon-enfant, Jack Lang allait devoir composer avec un certain scepticisme exprimé par la journaliste en plateau, quant à l'intérêt de cette fête et la mauvaise réputation des raves où la drogue circulait en abondance. Jack Lang allait lui demander de ne pas confondre « techno et drogue », préférant se concentrer sur des notions plus festives et sur son message artistique, un « message de vie, d’ouverture et de respect, un message d’amitié » partagé par toutes les générations selon lui.
La techno, une culture à part entière
Tout au long de l'interview, alors que des jeunes gesticulaient joyeusement dans son dos, il n'aurait de cesse d'appeler à la reconnaissance de la culture techno, déclarant d'emblée qu'elle appartiendrait désormais « à la culture d’aujourd’hui », ajoutant qu'elle avait été longtemps mal comprise, « rejetée écartée » et qu'elle était enfin «pleinement reconnue ».
Pour illustrer l'importance de cet événement culturel , l'ancien ministre de la Culture de François Mitterrand allait comparer ce concert de la place de la Nation à celui de « Salut les Copains » qui s'était tenu en juin 1963 avec Johnny Hallyday, et qui avait marqué selon lui, l'acte de fondation de la culture pop. Il prédisait que ce concert de 1998 serait « l’acte de fondation de la culture techno ».
Cette date correspondait également à la fête des monuments historiques, ces deux événements illustraient à ses yeux la multiplicité de la culture d’un pays, englobant « la mémoire mais aussi le présent et le futur ». Jack Lang était visiblement fier d'avoir aidé la musique techno à trouver sa place dans la culture française et le meilleur hommage que lui avait rendu les fans de technos étaient de l'avoir baptisé « Jacky Baby », un adoubement symbolique dont il était fier. Après ce succès, il espérait avoir changé le regard des autorités sur la techno et souhaitait qu’à l’avenir on accorde à cette culture comme aux autres « une vraie liberté ».
Dans l'ambiance survoltée du cortège
L'archive ci-dessous permet de replonger dans l'ambiance festive de cette première Techno Parade. Elle a été diffusée dans le JT Soir Paris Ile-de-France. On y découvre les rangs colorés du défilé reliant Denfert-Rochereau à la place de la Nation. Une trentaine de chars, un cortège de plus de 3 km et beaucoup de musique. House-music, jungle, acid, garage, hard-core, autant de mouvances différenciées par le « PBPM » (battement par minute). Et un public conquis.
La Techno-Parade
1998 - 02:05 - vidéo
« Ça y est Paris n’a plus peur de la techno, de l’électronique, du nouveau millénaire, du monde. La vie est belle et la nuit n’est pas finie » !
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