« Vous savez ce que vous faites quand vous préparez le barbecue ? Vous parlez caraïbe ! Eh oui, car le mot barbecue vient de barbacoa, un mot qui désignait un grill à fumer la viande chez les Caraïbes, des Indiens des Antilles, il y a plus de cinq cents ans. »
« Christophe Colomb en personne le mentionna en 1492, après sa première traversée de l’Océan atlantique. Mais ce n’est pas le seul mot français à trouver son origine dans la colonisation des Amériques... »
« Les indiens Caraïbes, qui sont aussi appelés Caniba, passaient pour anthropophages... d’où le mot cannibale. Les colonisateurs occidentaux eurent beau jeu de dénoncer ces prétendus barbares qui s’adonnaient au cannibalisme sur leur barbecue. »
« Dangereux et inconnu, le Nouveau Monde n’en offrait pas moins de formidables opportunités de conquête aux Européens. Il y avait des terres fertiles, du tabac (mot indien), du cacao (mot indien) et surtout de l’or ! Mais qui dit or, dit pirate...
Au XVIe siècle, les galions chargés de trésors attirent donc les flibustiers. Ce mot synonyme d’aventure et d’exotisme vient du néerlandais ancien : vrijbuiter signifie en effet « celui qui fait du butin librement ».
« Les pirates et, de manière générale, les marins néerlandais sont alors très renommés. Voilà pourquoi beaucoup de nos mots de marine viennent de leur langue, comme flibustier donc, mais aussi amarrer, chaloupe, le saur du hareng saur ou surtout matelot.
La vie sans entraves des flibustiers fait fantasmer les pauvres matelots. Le mot matelot dérive de mattenoot, littéralement « compagnon de couche ». Eh oui, car les marins de l’époque partagent leur poste de travail et surtout leur hamac, où ils dorment à tour de rôle.
Leurs conditions de vie à bord sont alors très dures, les accidents fréquents, les règlements impitoyables et les punitions cruelles. Parfois, certains matelots se mutinent. Ceux qui ne sont pas repris et pendus haut et court deviendront pirates. »
« A ces marins qui parviennent à rallier la flibuste s’offre une vie d’aventures hautes en couleur.
En témoignent des mots français comme forban, qui signifie « banni » en vieil hollandais.
Il y a aussi papegai (perroquet), tiré d’un mot arabe, babaga.
Ou rhum, qui vient d’un mot anglais, rumbustion, voulant dire « grosse bagarre ». Ah ça, c’était la belle vie ! »
« Alors je récapitule. A la Renaissance, les matelots en bavaient ! Du coup ils se mutinaient et devenaient flibustiers dans les Caraïbes… parmi les cannibales et leur barbecue !
Décidément, ta langue en dit long ! »