L'ACTU.
Cette année, la période des soldes d'hiver court du 10 janvier au 6 février. Cette pratique commerciale date des premiers grands magasins, apparus au XIXe siècle, et avait pour objectif premier l'écoulement des invendus d'une saison. Depuis, entre surconsommation, rabais permanents et fausses promotions, les soldes semblent avoir perdu de leur utilité.
Pourtant, dans nos archives, entre les « ruées » du premier jour des soldes et les achats plaisir, des foyers plus modestes racontent comment cette période leur permet de se procurer le nécessaire.
LES ARCHIVES.
« Quelle est donc cette fièvre qui s'empare de toutes les femmes de toutes les régions à la seule prononciation du mot soldes ? » Nous sommes en 1974 en Alsace où, comme dans le reste de la France, la période des soldes d'hiver était bien entamée. Dans l'archive en tête d'article, le commentaire de la journaliste était peu novateur. Il s'agissait de traiter le « marronnier » journalistique, un événement récurrent et qui apportait peu de nouveauté informationnelle, que sont les soldes. « Depuis quinze à vingt ans, la tradition s'est solidement implantée en Alsace (...). On y côtoie des femmes de tous âges, de tous les milieux, ayant toutes le même objectif : dénicher la meilleure occasion. »
Au milieu des différents témoignages de dénicheurs de bonnes affaires, certains clients, peut-être plus modestes, présentaient leurs petites techniques pour économiser. « J'achète une année à l'avance, dans tous les domaines, dans les chaussures, les manteaux, les pantalons. Et, je n’achète pas n'importe quoi, j'achète quand même de la bonne qualité. »
Une commerçante racontait : « J'ai chaque année pendant mes soldes un petit garçon qui vient tout seul, je sais que c'est le dernier d'une famille nombreuse. Sa maman lui met 25 ou 30 francs dans la main. (...) Il n'a pas le droit de dépasser cette somme, alors il va dans son stand correspondant à sa pointure. (...) Il est content, du moment qu'il a une chaussure qui lui va, qui lui plait, il ne dépasse pas le tarif que sa maman lui a ordonné. »
Éviter les « rossignols », ces articles démodés
À l'époque, les soldes avaient pour objectif de « faire profiter à nos clients, avant notre inventaire, des prix de fin de série à prix coutant, des articles vraiment baissés », comme l'expliquait une commerçante. Et de poursuivre : « Il est évident que c'est la clientèle qui fait de bonnes affaires en ce moment. » Une période à ne pas manquer, donc. Même s'il ne restait parfois que des « rossignols », c'est-à-dire, une marchandise démodée. Une vendeuse de chaussures tenait cependant à l'assurer : « Le rossignol n'est pas toujours un article terriblement démodé parce que même une chaussure que l'on trouve pointue peut être d'une qualité extraordinaire ! ».
Ce qui ne semblait pas rendre la tâche des mères de famille plus facile : « On voit les mamans qui arrivent au début des soldes, chacune se précipitent pour avoir la meilleure affaire parce que les meilleures séries sont toujours dans les premiers jours de soldes. Et, par exemple la petite fille ou le petit garçon qui essaie une chaussure et dit "Maman, ça me fait mal", la maman trouve la chaussure très jolie alors, elle pousse l'enfant à l'essayer deux-trois fois de suite : "Mais non, mais non, ça ira !" » Et de filmer l'exacte scène : « On arrive à trouver ce qu'on cherche ? » « Ah oui, toujours, la plupart du temps. Ça plait, faut que ça plaise hein. S'il est bien dedans, c'est une bonne chaussure. »
Les soldes, seule période d'achat
« Il n'est plus question de superflu, mais de nécessaire ». Bien des années plus tard, mêmes soldes d'hiver, même période clé pour certains foyers. Dans l'archive de 2013 ci-dessous, France 2 avait rencontré des consommatrices à la recherche de vêtements pour leurs enfants. Pour cette maman avec sa fille de six ans et un budget de 80 euros, les soldes étaient « la seule période lors de laquelle elle achète des habits et des chaussures. » Sinon, les bottes lui revenaient vraiment « trop cher ». Et d'ajouter : « On ne sait pas combien de temps, elle va les mettre ». Dans ses placards : « Les trois quarts des habits nous ont été donnés par les cousins et cousines. Et là, c'est une petite robe qu'on avait acheté l'année dernière, en soldes, et qu'elle a mis toute l'année ».
Soldes économie famille
2013 - 02:23 - vidéo
D'autres clientes abondaient dans son sens : « Dans l'année, je fais attention et puis quand il y a les soldes, je me lâche un peu et je fais plaisir à mes enfants. »