En 1976, après plusieurs mois sans une goutte d'eau, la sécheresse menaçait l'agriculture française. Désespérés, les paysans privés d'eau pour l'arrosage des cultures et l'hydratation de leurs bêtes cherchaient à sortir de l'impasse. Cette situation catastrophique allait en amener certains à utiliser des méthodes ancestrales que l'on croyait oubliées et à faire appel au sourcier du village pour trouver de nouvelles sources d'eau. Ce mouvement était assez important pour qu'il intéresse les journaux télévisés. Les archives régionales de cet été 1976 exceptionnellement sec regorgent de reportages décrivant les techniques de ces chercheurs d'eau encore nombreux dans les campagnes. Nous vous proposons de découvrir quelques-uns de ces sujets pittoresques. A chaque fois, c'est le même scénario : un homme seul dans un champ, maniant ses baguettes de sourcier sur une musique inquiétante, destinée bien-sûr à intensifier l'étrangeté de la pratique.
La première archive présentée en tête d'article date de début juillet 1976. Elle a été diffusée dans le journal régional de FR3 Reims. Son originalité tient au personnage présenté dans ce sujet. Ce 7 juillet 1976, le vice-président de la Chambre d'Agriculture d'Indre-et-Loire raconte son choix de faire appel à un sourcier, « C’est mon seul salut pour mes vergers » ! se lamente-t-il. Après ce préambule, la caméra s'intéresse à un homme à l'allure inattendue. Dans le champ voisin, en costume-cravate, lunettes noires et Panama vissé sur la tête, il se déplace avec deux baguettes métalliques entre les mains. Au moment où elles se croisent, il s’immobilise.
Depuis toujours dans les campagnes, on fait appel aux sourciers pour repérer les sources et creuser les puits. Celui-là en est certain, selon ses baguettes, l’eau se situe juste en dessous de lui. Il va même aller jusqu'à estimer la profondeur de la source et son débit. Une précision étonnante que le reportage ne permettra malheureusement pas de vérifier.
Des baguettes en bois et du fluide
Fin juillet, le JT de Reims présente un autre sourcier qui a été appelé dans un champ pour repérer une source. L’un de ses confrères a fait creuser un puits au propriétaire au mauvais endroit. Malgré cet échec le paysan a de nouveau fait appel à monsieur Pouru. Le journal télévisé régional a envoyé une équipe sur place pour suivre sa quête de l’or bleu. Ce sourcier utilise la méthode des baguettes, mais elles sont cette fois en bois. La réalisation du reportage et la musique, un rien dramatique, plantent le décor étrange de la démarche. L'homme marche seul dans un champ brûlé par le soleil, avec entre les mains une branche d'arbre, en forme de Y. L'eau est proche : « plus je m’en approche, plus la baguette travaille. Elle va se rompre», précise-t-il concentré. La baguette tourne sur elle-même jusqu’à se rompre. Pour le sourcier c’est le signe qu’il est « à l’aplomb du courant ».
Sous l’objectif des caméras, monsieur Pouru poursuit son inspection du sol desséché. Ce sourcier possède une particularité, il utilise également un « témoin », un petit flacon rempli d’eau. L’eau appelant l’eau, s’il passe sur une faille pleine, sa baguette réagira. Il sera question de don, de fluide, de vibration, de connexion. Comme son collègue présenté en tête d’article, le sourcier affirmera être en mesure de déterminer la profondeur de la nappe. Sa technique : taper du pied. Mais comme pour la première archive, nous ne pourrons pas vérifier la réussite de l’expérience.
M. Pouru sourcier de La Neuville les Nangny
1976 - 03:38 - vidéo
Pour terminer ce petit aperçu des techniques utilisées par les sourciers en 1976, découvrez dans la dernière archive avec quel bois peut être fabriquée une baguette de sourcier. Même si l’homme interrogé l’affirme, il faut posséder un « fluide », rien ne vous empêche de vous exercer, et qui sait, peut-être dénicherez-vous une source qui sera la bienvenue en cette période intense de sécheresse. Démonstration.
Un sourcier explique sa méthode
1976 - 05:56 - vidéo
« Les muscles se tendent et on sent des sueurs froides passer dans les veines. Deux sources par jour c’est suffisant. On est fatigué. Faut pas en chercher trois parce que on ne tient plus debout… Moi, je mesure au pas… Il n’y a pas d’eau partout, il faut trouver les passages. »