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Serre-Ponçon : la première réserve d'eau artificielle construite en France

Serre-Ponçon : la première réserve d'eau artificielle construite en France

Alors que la sécheresse s'intensifie, Emmanuel Macron a présenté à Savines-le-Lac (Hautes-Alpes) un plan pour une gestion plus vertueuse de l'eau. La commune se trouve sur les rives d'un lac artificiel et à côté du barrage de Serre-Ponçon. Il s'agit de l'un des plus importants barrages d'Europe dont la construction a débuté à la fin des années 1950.

Par Florence Dartois - Publié le 30.03.2023
Génie civil - 1962 - 12:34 - vidéo
 

L'ACTU.

Emmanuel Macron a présenté jeudi 30 mars un « plan eau » destiné à améliorer la gestion de l’eau, une ressource précieuse de plus en plus menacée par le réchauffement climatique, même dans l'hexagone. Il s'est rendu dans les Hautes-Alpes, dans la commune montagnarde de Savines-le-Lac, située sur les rives d'un lac artificiel, près du barrage de Serre-Ponçon.

Le chef de l’État a énuméré une cinquantaine de mesures de ce plan, parmi lesquelles la création d'un « Ecowatt », multiplier par dix la réutilisation des eaux usées, ou généraliser les compteurs intelligents pour une tarification progressive. Emmanuel Macron a également évoqué la mise en place d'aides pour accompagner les particuliers dans la récupération des eaux de pluie.

Le barrage de Serre-Ponçon n'a pas été choisi au hasard, il reste à ce jour le plus grand réservoir d’eau douce d’Europe de l’ouest. Son but était de contribuer à la régulation des crues de la Durance, à l’irrigation de la région provençale et à la production d’électricité. Il fournit aujourd'hui l’eau potable à plus de 3 millions de personnes et contribue à l’irrigation de 80.000 hectares de terres agricoles.

L'ARCHIVE.

En 1947, les autorités décidèrent de régulariser le cours de la Durance et le barrage de Serre-Ponçon fut le premier ouvrage à être construit. Un projet titanesque qui allait employer plus de 2000 ouvriers sur six ans. Commencé en mai 1955, il était totalement terminé et mis en eau en mai 1961. L'archive en tête d'article a été diffusé en 1961 dans les « Actualités françaises », elle présente le barrage et ses installations à sa mise en eau.

Situé à 780 mètres d’altitude, c'était le plus grand barrage en terre d’Europe. Les images impressionnantes montraient l'ampleur du projet : « la digue épaisse à sa base de 650 mètres, s’élève à 123 mètres au-dessus du lit de la rivière. Large de 600 mètres, elle retient 1200 millions de mètres cubes d’eau ».

Les images montraient une usine souterraine creusée dans le roc qui abritait quatre turbines capables de produire « annuellement 700 millions de kilowatts/heure ». Derrière le barrage se trouvait un immense lac artificiel dont la création avait nécessité toute une série de travaux. « À Savines, un pont de 924 mètres relie les deux rives du lac. Quinze kilomètres de ligne de chemin de fer avec trois ponts, 50 kilomètres de route avec huit ponts ont dû être édifiés. Serre-Ponçon est l'ouvrage clé qui va permettre l'aménagement de la Durance sur le cours de la Moyenne Durance », énumérait le commentaire.

Les étapes de la construction

L’archive ci-dessous, toujours extraite des « Actualités françaises », montrent des images du début des travaux utilisant « des moyens techniques exceptionnels ».

En avril 1957, après des mois de déblaiements et de compactage des « 12 millions de mètres cubes de terre », la construction proprement dite du barrage débutait. Jean Giono, filmé sur le chantier, assistait médusé « à ce combat des monstres de fer contre une rivière réputée jusqu’à ce jour indomptable ».

Les villages engloutis

La construction du barrage et du lac artificiel obligea les autorités à noyer plusieurs villages de la vallée de l’Ubaye. Ce reportage incroyable du magazine « Reflets de Provence » leur rendait un dernier hommage avant la mise en eau du lac prévue le 16 novembre 1959. Ces images ont immortalisé ces lieux abandonnés avant d'être engloutis. Ainsi les routes départementales, vicinales et rurales, comme la D7, ne seraient plus empruntées, les villages de Pontis, Savines, leurs petites fontaines, les commerces ruraux allaient disparaître sous « 1 milliard 200 millions de mètres cubes d'eau ».

« Ces villages, ces routes ne sont plus marqués sur les cartes »

Le 27 novembre suivant, le journal télévisé montrait la mise en eau de la vallée, avec la disparition de Savines et Ubaye, rayés de la carte pour donner naissance au lac de Serre-Ponçon.

La mise en eau du barrage de Serre-Ponçon
1959 - 01:53 - vidéo

Le 13 août 1962, le préfet inaugurait le nouveau village de Savines-le-Lac, reconstruit sur la colline depuis la mise en eau du barrage de Serre-Ponçon, et il accueillait la population expropriée. Les berges avaient été aménagées pour développer le tourisme. C'est là qu'Emmanuel Macron a fait son discours.

Le nouveau village des Savines
1962 - 01:35 - vidéo

À la fin de son intervention du 30 mars, le président de la République a évoqué les familles déplacées de ces villages, contraintes d'abandonner leurs maisons pour la construction du barrage, tout en faisant une allusion à la situation du pays. Il a déclaré que ces familles avaient accepté de se sacrifier « pour le bien commun. Ça nous rappelle qu'il n'y a pas de solution collective qui existe pour un pays si on n'a pas de stratégie partagée. Face au changement, il y a toujours des contraintes (...) Ce ne sont pas les mêmes efforts qu'on demande aujourd'hui (...), mais on aura tous des efforts à faire (...) Je le dis en responsabilité, quel que soit le sujet. Ceux qui expliquent qu'il ne faut rien changer pour bien vivre, ce sont comme ceux qui auraient décidé il y a 62 ans ici, de ne pas bouger », a-t-il lancé.

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