La grève était redoutée, elle tient toutes ses promesses. De quoi rappeler aux Parisiens les grèves les plus dures de ces dernières décennies, comme celle du 18 octobre 2007, dont le but était déjà de défendre le régime spécial des retraites, ou bien les grèves massives de l’automne 1995.
En réponse à ces forts mouvements sociaux, le gouvernement Fillon a fait voter une loi, le 21 août 2007, « sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs », afin d’amortir les conséquences des grèves de transports sur les usagers.
Une loi qui fait la fierté du gouvernement et du président Nicolas Sarkozy, à tel point que ce dernier, dans un discours prononcé le 6 juillet 2008 au Conseil national de l’UMP, déclare : «La France est en train de changer.. Elle change beaucoup plus vite et beaucoup plus profondément qu’on ne le croit. Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit.»
C’était aller un peu vite en besogne… Ces dix dernières années, en l’absence de mouvements sociaux massifs dans les transports similaires à celui que nous vivons aujourd’hui, s’est peu à peu répandue l’idée dans le public que cette loi imposait à un quota de salariés des sociétés de transport – comme la RATP ou la SNCF – la continuité du service public. Or, dans la réalité des textes et des faits, il n’en est rien. Une telle conception du service minimum est en effet contraire au principe constitutionnel du droit de grève, permettant ainsi à la totalité des salariés de faire grève.
La loi de 2007, complétée par la loi Diard de 2012, prévoit en revanche l’obligation aux salariés d’avertir 48 heures en amont leur direction de leur participation à une grève afin que cette dernière puisse informer de manière « gratuite, précise et fiable » les usagers 24 heures à l’avance.
L’objectif est également de permettre aux sociétés de transport de bénéficier d’un temps de préparation pour redéployer les effectifs en fonction des salariés non grévistes, et d’assurer ainsi un « service minimum » dans la mesure du possible.