Le grand requin blanc, non seulement nage dans les eaux de la Méditerranée, mais il constitue une espèce à part entière bien connue des scientifiques, appelée le Grand requin blanc de Méditerranée ! Ce dernier, connu des peuples du pourtour méditerranéen depuis l'Antiquité, se distingue de ses congénères d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique (à l'aspect bleu-gris justement choisi dans le film Les dents de la mer) par une peau plus marron, qui le fait parfois être confondu avec l'inoffensif requin pèlerin.
Cette espèce de requin blanc spécifiquement méditerranéenne serait néanmoins selon les scientifiques en net déclin depuis de nombreuses années, en raison de la pollution et du trafic importants de la Méditerranée.
Il n'empêche, certaines zones de la Mare Nostrum sont réputées, ou craintes, c'est selon, pour êtres visitées plus souvent que d'autres par le grand blanc. C'est le cas de l'archipel de Malte, une réputation, qui doit en fait beaucoup, à l'impressionnante pêche que fit un beau jour d'avril 1987 Fredo, un pêcheur Maltais, justement chasseur de requins (et d'espadons). Dix ans plus tard, l'émission «Thalassa» lui donnait la parole, et rétablissait ensuite la vérité sur les eaux maltaises, en réalités pas plus dangereuses que les autres zones de la Méditerranée, où les risques de rencontrer un grand blanc, et à fortiori d'être attaqué, sont extrêmement infimes.
Fredo, pêcheur de Marsaxlokk, ville du sud-est de l'île de Malte, est bien connu de sa communauté comme un pêcheur de requins aux aventures folles, dont les trophées de pêche ornent les murs des tavernes de la ville. Mais ce jour d'avril 1987, il remonte un requin comme il n'en avait encore jamais vu : « Je suis parti du port pour aller voir mes bouées. Après une demi-heure de mer, je suis arrivé près de l'un de mes flotteurs. Il était complètement sous l'eau. J'ai alors pensé que c'était un gros poisson. Un requin peut-être. J'ai vite compris qu'il s'agissait d'autre chose. C'est là que j'ai vu que c'était un requin blanc, un monstre. J'ai tiré sur la corde, et quand il est arrivé à la surface, je me suis rendu compte qu'il était énorme. Il était à moitié mort. Je l'ai hissé comme j'ai pu à l'arrière du bateau en utilisant un crochet. Je l'ai remonté comme j'ai pu, il prenait toute la place à bord. Il m'avait fallu une demi-heure pour venir, il m'a fallu 3 heures et demie pour rentrer. »
Un requin, d'après le commentaire de Thalassa, « de 7 mètres de long, pesant 3 tonnes », un monstre qui semble cependant un cas extrêmement rare aux dires de ce scientifique maltais du musée d'histoire naturelle : « Les requins sont rares ici. Je crois que le dernier signalement de requin blanc remonte à une dizaine d'années. Le dernier que l'on a attrapé, c'était dans les années 1980. Ce n'est pas une espèce que l'on trouve normalement en Méditerranée. Ce qui se passe, c'est que les grands requins blancs arrivent dans cette zone en suivant les bateaux de pêche. Ce sont les bateaux qui les ramènent, et comme ils sont très puissants, ils se baladent. On en retrouve parfois au large de Malte, mais ça pourrait aussi arriver au large de la Sardaigne, ou ailleurs. »
Encore très abondant en Méditerranée au début du XIXe siècle, le grand requin blanc est aujourd'hui proche de l'extinction en Méditerranée.