"Mon père n'est pas un homme à anecdotes."
En 1968, dans l'émission Les bonnes adresses du passé, le réalisateur évoque ainsi son père : "Mon père n'est pas un homme à anecdotes". Il raconte donc un souvenir, datant de l'époque où son père était paralysé après une chute de vélo, et qui illustre bien son caractère complexe. Alors qu'il pouvait retrouver l'usage de ses jambes grâce à une médecin viennois, le peintre refuse de faire les efforts nécessaires pour guérir. Car l'énergie dispensée à la guérison l'aurait privé de l'énergie de création et l'aurait empêché - selon lui - de continuer à peindre...
"Finalement tout l'aboutissement de la recherche de mon père ça a été sa dernière période."
Toujours en 1968, dans l'émission L'Invité du dimanche, Jean Renoir évoque son livre Auguste Renoir par Jean Renoir, consacré à son père. A partir de photos et de représentations, le cinéaste revient sur les grandes étapes de l'oeuvre paternelle, son évolution. Ces œuvres ne se rattachent pas à des souvenirs personnels car il était trop jeune à l'époque où son père peignait dans la mouvance impressionniste.
"Finalement tout l'aboutissement de la recherche de mon père ça a été sa dernière période. Une période d'exaltation de lui-même où il s'adresse plus directement au public. Une période plus intensément subjective que les autres périodes. On peut la qualifier d'abstraite. C'est l'aboutissement d'une recherche nombreuse, d'une maîtrise absolue des moyens. Une telle maîtrise qu'il pouvait se permettre d'oublier ces moyens et une telle technique qu'il pouvait négliger cette technique".
Pour lui ce sont Les grandes baigneuses, conservées au Louvre, qui illustrent le mieux cette période.
"Un bon modèle, c'est une peau qui ne repousse pas la lumière."
Dans cette émission audio de 1969, Carte blanche à Auguste Renoir, Jean Renoir revient notamment sur la manière dont son père choisissait ses modèles, avec une méthode pas vraiment orthodoxe... il abordait des jeunes filles dans la rue pour les faire poser nues. Pour amadouer leurs mères, il leur offrait des choux à la crème. Parfois, il offrait de beaux chapeaux à ses modèles. Il faisait beaucoup poser ses amis, comme dans le tableau Le bal du moulin de la galette de 1876.
Il aimait peindre ses enfants, Claude son frère et le surprendre lui dans ses jeux "Il ne voulait pas que je pose, il faisait des tableaux de moi quand je faisais autre chose." Il adorait peindre Gabrielle, la nièce de sa femme.
Jean Renoir à six ans
Pour aller plus loin
Jean Renoir évoque son père auguste (Entretien audio, canel de diffusion Marseille-Provence, 1962)
Entretiens avec... Jean Renoir. Série de 15 entretiens audio de Jean Renoir par Jean Serge (1958, Pack audio)
Quand Jean devint Renoir (documentaire, Premium, 30 avril 2017)
Jean Renoir et son père
Florence Dartois