Claude Michelet, celui que l'on surnommait «l'écrivain-paysan», était un citadin qui avait choisi de revenir dans ses terres de Corrèze à l'heure où l'exode rural faisait des ravages dans les campagnes. En précurseur de la néo-ruralité, il s'était établi au nord de Brive, la région de sa famille, pour cultiver la terre et écrire. En octobre 1966, à l'occasion de la sortie de son roman La Terre qui demeure, il accueillait la télé dans sa ferme limousine.
Dans l'archive en tête d'article, il a 28 ans. Assis sur le perron de sa longère, il apparaissait calme mais déterminé. Citadin, fils d'Edmond Michelet (ancien résistant et ministre des Armées par le général de Gaulle (1899-1970), il avait été élevé à Paris et avait choisi délibérément ce retour à la terre. A 14 ans, il avait décidé de devenir agriculteur.
Le jeune romancier parlait de vocation. A ses yeux, écrire et cultiver, c’était compatible. Dans son roman La Terre qui demeure, il abordait un problème, aujourd'hui au centre des débats, mais qui le préoccupait déjà, celui des paysans qui voulaient lutter contre l’envahissement de la ville sur leurs terres. Un combat mené contre la spéculation, en l’occurrence celle des promoteurs qui voulaient implanter une ville nouvelle sur leurs champs. Ses héros se regroupaient pour se défendre contre cette évolution du monde rural.
Il terminait un autre roman sur la terre lui aussi. Cette fois le thème serait l’exode rural. Bien qu'heureux sur ses terres, lui imaginait l’avenir de manière sombre : « la révolution agricole qui démarre va aller en s’accélérant et il y aura, qu’on le veuille ou non, de moins en moins d’agriculteurs en France (…) mais qui seront capables de grouper suffisamment de terrains pour produire en conséquence. Car à l’heure actuelle, la seule chose qui compte c’est produire et gagner de l’argent, en agriculture aussi. »
En 1979, Claude Michelet allait connaître la consécration en publiant une saga régionaliste intitulée Des grives aux loups, qui suit la vie d'une village fictif de Corrèze sur plusieurs décennies (de 1899 à 1968), et couronné du prix des libraires en mars 1980. Devenu un best-seller, cette chronique a été adaptée par Philippe Monnier pour la télé en 1984. Nous le retrouvons ci-dessous sur le tournage du feuilleton où il dévoilait l'origine de son titre.
Portée par la série, la saga a eu un retentissement international jusqu'à être traduite en chinois.
Claude Michelet à l'écran "Des grives aux loups"
1983 - 03:45 - vidéo
Pour aller plus loin :
Apostrophes : la vie des paysans. Claude Michelet son statut d'auteur paysan. (5 décembre 1975)
Apostrophes : la vie des paysans. Claude Michelet sur le machinisme en agriculture. (5 décembre 1975)
Apostrophes : la vie des paysans. Claude Michelet « On ne peut plus faire son pain ». (5 décembre 1975)
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