L'ACTU.
Depuis 2020, les 40 °C ont été franchis 25 fois par an en France, a indiqué Météo-France, précisant qu'auparavant, cela arrivait une ou deux fois tous les dix ans.
LE CONTEXTE DE L'ARCHIVE.
L'idée d'un réchauffement climatique global de la terre est longtemps resté au stade de conjecture, malgré quelques alertes dans les années 1970. Il a fallu attendre 1988 pour que des experts soient entendus de la communauté internationale, c'était au congrès international de Toronto sur le changement climatique et ses impacts sur la sécurité globale.
Il s'était tenu du 27 au 30 juin 1988, avec 300 scientifiques du monde entier, des organisations gouvernementales et non gouvernementales, sous l'égide de l'ONU. Dans leurs conclusions, les participants souhaitaient marquer les consciences, ceux des décideurs, employant des mots forts. Ils insistaient sur la globalité d'un phénomène qui n'épargnerait personne. Pour la première fois, ils affirmaient que les activités humaines étaient responsables de cette modification drastique du climat, avec une certitude de 99%. Le congrès avait également permis de dresser une liste des conséquences possibles du réchauffement, qui seraient équivalentes, affirmaient les experts, à celles d'une guerre nucléaire globale.
L'ARCHIVE.
Le lendemain de la clôture du congrès, le 1er juillet 1988, le journal de 13 h 00 de TF1, présenté par Jean-Pierre Pernaut, revenait sur ces annonces importantes de réchauffement global du globe et de ses conséquences inimaginables.
Le présentateur vedette qui, comme à son habitude, s'adressait directement aux téléspectateurs, semblait étonné de cette annonce, comme le montre son lancement dubitatif : « Figurez-vous que la planète Terre, dans son ensemble, notre bonne vieille planète, se réchauffe ! Les spécialistes s'en inquiètent et le dérèglement climatique est bien la conséquence directe des activités humaines. », annonçait-il circonspect, avant de lancer le sujet réalisé par Françoise-Marie Morel.
Un risque sous-estimé
Dans son commentaire la journaliste insistait sur l'ampleur globale du phénomène que venaient d'annoncer les scientifiques : « En cas de réchauffement de l'atmosphère, les enjeux climatiques sont planétaires. La terre se réchauffe au fur et à mesure que les produits de son activité industrielle dégagent dans l'atmosphère du gaz carbonique, du méthane, faisant écran à la lumière solaire et piégeant parallèlement les radiations chaudes qui émane du globe. »
Elle nommait ce phénomène qui allait bientôt devenir un enjeu mondial : « Ce processus, nommé "effet de serre", n'est pas près de s'arrêter. Les scientifiques prévoient en effet que la teneur en gaz carbonique de l'atmosphère va doubler d'ici à 50 ans en augmentant la température globale à la surface du globe d'un degré Celsius. »
Les experts estimaient alors le réchauffement possible à un degré seulement. Le GIEC dans son rapport de 2021 estime l'augmentation à 1,5 degré en 2030 et 2 degrés prévus d'ici à 2100.
Les conséquences possibles
Interrogé sur les conséquences prévisibles de cette montée des températures, le professeur André Berroir, directeur de l'Institut National des Sciences de l'Univers (INSU) du CNRS, déclarait que l'homme pourrait s'adapter : « À une modification du climat de l'ordre de grandeur de celle à laquelle on s'attend [1 degré], en modifiant éventuellement ses modes de vie. » Il ajoutait : « En ce qui concerne les latitudes que nous habitons. On devrait trouver des climats plus chauds et plus humides. Et pour les autres continents, « sur certaines autres parties, des climats plus chauds et plus secs. Les limites sont difficiles à préciser. », concluait-il.
Reste que certains risques du réchauffement de la planète avaient bien été décrits. Notamment un « émiettement du pôle Sud et le décrochage de certains gros icebergs », comme le précisait la journaliste, insistant sur les conséquences gravissimes que cela provoquerait : « Décrochage qui engendrerait une élévation du niveau des mers de quelques dizaines de centimètres »
Interrogé sur cette question André Berroir alertait : « Et quelques dizaines de centimètres, ça compte pour des villes qui sont quand même en dessous du niveau de la mer et protégées par des digues. Et puis, il y a des villes qui sont au niveau de la mer et quelques dizaines de centimètres, ça change complètement la vie. »
La journaliste concluait : « Si les scientifiques restent prudents et non-alarmistes. Il n'en reste pas moins que l'homme modifie bel et bien son climat. Les modifications climatiques sont pour l'instant effectivement sensibles, mais bien réelles. Suffisamment pour que la première sonnette d'alarme soit tirée et conduise les pays industrialisés à prévoir pour éviter de devoir guérir. »
Cette dernière préconisation, empreinte de sagesse, n'est restée qu'un doux souhait pour de longues années encore.
