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Noël 1994 : la prise d'otage du vol Alger-Paris et l'assaut du GIGN

Noël 1994 : la prise d'otage du vol Alger-Paris et l'assaut du GIGN

Il y a 30 ans, quatre hommes prenaient en otage les 227 passagers et douze membres d’équipage d'un A300 d'Air France à Alger. Plus de deux jours et un assaut du GIGN ont été nécessaires à la libération de l'avion. Récit en archives.

Par Jérémie Gapin - Publié le 23.12.2024
 

« Mesdames, messieurs, bonsoir. Un Airbus A300 d’Air France bloqué sur l’aéroport d’Alger par quatre hommes armés. » Le 24 décembre 1994, à 11 h du matin à Alger, commençait 54 heures d’angoisse. Quatre hommes, qui venaient de se faire passer pour des policiers, ont pénétré dans un avion d’Air France. Supposé motif : un contrôle d’identité. Mais très vite, le doute s’est installé comme l'a raconté Jean-Paul Borderie, copilote du vol dans le journal Sud-Ouest en 2011 : « Nous devions décoller à 11 h, ce 24 décembre, lorsque quatre hommes, bien habillés et portant un badge officiel, sont montés à bord. Le service sécurité de la présidence, soi-disant. Ils ont fait le tour de l'avion et contrôlé les passeports. On a commencé à douter lorsqu'on a vu un bâton de dynamite sortir d'une poche ».

Les quatre hommes sont en fait des terroristes algériens du GIA, le Groupe islamique armé. Ils prennent en otage 227 passagers et douze membres d’équipage. Les terroristes ont deux revendications : d’abord, la libération de deux responsables du FIS, le Front islamique du Salut, puis, le décollage de l’avion pour Paris. Les autorités algériennes refusent. 67 passagers sont libérés, mais les négociations patinent comme on l'entend dans le montage d'archives en tête d'article : « Depuis plus de 24 heures maintenant, l’avion d’Air France, ses passagers et membres d’équipage sont bloqués sur l’aéroport d’Alger. L’appareil a été ravitaillé ce matin en vivres et en eau. Durant la nuit, des coups de feu ont été entendus en provenance de l’avion. Les négociations se poursuivent entre les pirates et les autorités. Le commandant et le copilote de l’appareil assurant le dialogue avec la tour de contrôle ».

Trois passagers sont tués dont un Français, Yannick Beugnet. Tout va alors s’accélérer. L’avion décolle finalement pour la France. Mais pas pour Paris… comme l’expliquait le copilote Jean-Paul Borderie, toujours en 2011 : « Avec tout ce que nous avions consommé pour la climatisation de l'appareil, nous n'avions plus que dix tonnes de carburant. Nous leur avons dit que l'on ne pourrait pas aller plus loin que Marseille. Ce qui était faux, mais ils l'ont cru. Pour nous, il n'y avait qu'une priorité : quitter l'Algérie ».

Des heures de négociations et un assaut en quasi-direct à la télévision

L’avion se pose à l’aéroport de Marignane, à côté de Marseille, où le GIGN est déjà présent. Les négociations reprennent et durent des heures. Finalement, le 26 décembre 1994, à 17h12, le commandant du GIGN Denis Favier lance l’assaut. Il va durer 17 minutes.

Pour la première fois, la télé va filmer un assaut du GIGN. C’est LCI, alors toute jeune chaîne d’info, qui filme. Ces images spectaculaires ont été diffusées quelques minutes après l’offensive et sont disponibles dans le montage en tête d'archives : « Les hommes du GIGN approchent deux passerelles de l’avion. Ils sont huit à l’avant pour forcer la porte. La porte résiste et la passerelle s’écarte de l’appareil. Les hommes s’engouffrent sans hésiter, des coups de feu retentissent. À l’arrière, la même opération ».

Sur ces images, on voit le copilote Jean-Paul Borderie sauter du cockpit et tomber lourdement plusieurs mètres plus bas. « Pendant ce temps, à l’intérieur de l’avion, on essaye de mettre en place les toboggans de secours. [...] À peine installés, les premiers passagers peuvent commencer à s’enfuir et un nouveau renfort arrive d'hommes du GIGN. Le toboggan à l'avant a visiblement du mal à se mettre en place. Un homme du GIGN vient de lancer une grenade. Certains preneurs d'otage sont certainement réfugiés dans le cockpit. Un panache de fumée suivi bientôt d’une seconde explosion. Nouveaux coups de feu. Un gendarme est blessé, deux corps sont étendus à droite de l'appareil. Les secours arrivent immédiatement pour les aider. Ils seront rapidement évacués. Une fusillade nourrie continue à s’entendre. Les renforts du GIGN qui viennent d'arriver tiennent l'appareil en joue. Les passagers sont allongés sur le tarmac. [...] Un éclair dans le cockpit, puis un second, puis, un troisième. Les hommes du GIGN viennent de lancer des grenades, les membres du commando ont résisté jusqu'à la fin, ils étaient quatre, ils ont tous été tués. »

Bilan, quatre terroristes sont tués. Neuf membres du GIGN, treize passagers et trois membres de l’équipage sont blessés. Cette opération reste l’une des plus grandes réussites du GIGN.

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