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Portrait de l'archipel de Malte à son entrée dans l'Union européenne en 2004

Portrait de l'archipel de Malte à son entrée dans l'Union européenne en 2004

Roberta Metsola est devenue la nouvelle présidente du Parlement européen le 18 janvier 2022. Originaire de Malte, la conservatrice a affirmé à de nombreuses reprises son opposition à l'avortement. Une position largement partagée dans son pays très catholique. 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 19.01.2022
Malte, archipel des paradoxes - 2004 - 07:09 - vidéo
 

Roberta Metsola, 43 ans et membre du PPE – le parti européen de centre droit - a été élue mardi 18 janvier à la tête du Parlement européen. Si cette mère de 4 enfants défend à titre personnel l'interdiction de l'avortement, elle a déclaré, dès sa première prise de parole après l'annonce des résultats, son intention d'« aller plus loin pour plus d'égalité homme-femme, pour garantir et défendre les droits des femmes, tous nos droits ».

La nouvelle présidente du Parlement européen ressemble à son île : conservatrice et fidèle aux traditions. L'archipel de Malte est entré dans l'Union européenne en 2004, avec 9 autres pays, élargissant l’Europe de 15 à 25 membres. A l’occasion de cet élargissement le magazine « Thalassa » de France 3 diffusait un reportage sur l'histoire de Malte et les caractéristiques de la société maltaise. C’est ce reportage du 30 avril 2004 que nous vous proposons de revoir en tête d’article.

Ce reportage « carte postale » décrit tous les aspects de cet archipel de contrastes. Des Phéniciens aux Carthaginois, des Chevaliers de l'Ordre de Malte aux Byzantins, des Siciliens aux Anglais, sans oublier Napoléon. Tous ceux qui ont voulu s'approprier ces petits bouts de terre bien placés au cœur de la Méditerranée ont laissé des traces, une culture. Une culture avant tout catholique. C'est à l'apôtre Saint-Paul que l'on attribue l'évangélisation de l'archipel au premier siècle après Jésus Christ. Depuis, les chevaliers de l'ordre de Malte y ont bâti des myriades d'églises et l'archipel n'a pas perdu sa ferveur religieuse.

Malte, « une sentinelle à l’extrême sud de l’Europe, à 90 km de l’Italie (…) un des archipels les plus méridionaux de la Méditerranée ». Malte est la plus grande et la plus connue des trois îles de l’archipel (avec Gozo et Comino). Un rocher d’une trentaine de kilomètres de long. A l’époque du reportage, la démocratie maltaise n’a qu’une trentaine d’années et bénéficie de la densité de population la plus importante d’Europe. Avec peu de ressources naturelles, Malte a tenté d’attirer les capitaux étrangers et était, depuis les années 1980, un petit paradis fiscal.

Une religion omniprésente

En 2004, Malte bénéficiait toujours d'avantages fiscaux et jouait sur les atouts de son port franc. Mais sur l’île c’était le tourisme qui faisait vivre 1 habitant sur 3. Son économie « séductrice » contrastait avec sa société conservatrice à la religion omniprésente. Sa culture et son passé restaient avant tout catholique. Ici la religion a toujours influencé la politique et les mœurs : l'avortement et le divorce sont d'ailleurs toujours interdits par la loi.

Pour l’historien Alain Bondy, interrogé dans ce reportage, la religion guidait toujours la vie politique et sociale, du moins en apparence : « Nous sommes dans un pays du Sud, avec une religion qui est plus faite de liturgie que de foi. On va à la messe parce que si on ne va pas à la messe, on est montré du doigt. Vous avez des gens séparés mais le divorce n’existe pas (…) Vous retrouvez ce poids y compris dans les mentalités politiques. »

Ces valeurs avaient influencé les Maltais lors du référendum pour l'entrée dans l'Union européenne. La moitié des habitants avait voté « Non » à l’Europe, refusant une Europe qui acceptait l'avortement. L'entrée dans l'Europe avait par ailleurs fait l'objet d'un débat long et houleux décrit dans la suite du reportage.

Débat autour de l'adhésion

Pour Alfred Sant, le leader du parti travailliste, cette adhésion allait coûter cher à l’île. Il avait appelé à voter « Non » à une Europe qui provoquerait selon lui une augmentation des prix et des coûts de production, et une baisse de la compétitivité de l'archipel : « Etre branché dans un système de réglementation continentale va pousser sur les coûts de production et nous devrons vivre de notre compétitivité… »

C’est finalement le premier ministre Eddie Fenech Adami qui avait obtenu gain de cause. 53 % des Maltais votant «Oui » à l'entrée de Malte et préférant la protection à l’isolement. A l’image d'un responsable de l'office du tourisme qui déclarait: « Cela va développer le tourisme du pays. Grâce à l’Europe nous allons recevoir beaucoup d’aides de l’Union Européenne. » Ces aides, il l’espérait, favoriseraient la préservation des sites historiques et de l’environnement. Les commerçants aussi attendaient l’entrée dans l’UE avec impatience, comme ce pêcheur qui voulait s’intégrer dans un marché européen plus large aux débouchées étendues : « De toute façon Malte est dans l’Europe depuis très longtemps, et pour nous, c’est la meilleure voie. »

L’Europe elle, voyait en Malte comme « un trait d’union économique et politique avec le nord de l’Afrique, mais aussi une nouvelle frontière permettant de mieux contrôler le sud de la Méditerranée », concluait le commentaire.

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