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La contraception d'urgence en France : 50 ans d'évolution

La contraception d'urgence en France : 50 ans d'évolution

Le gouvernement a annoncé que la pilule du lendemain allait être rendue gratuite pour toutes les femmes, sans ordonnance. Ce dispositif ne concernait jusqu'alors que les mineures. Mise sur le marché en 1999, comment la France a-t-elle progressivement rendu la contraception d’urgence hormonale accessible à toutes ?

 

Par Romane Sauvage - Publié le 21.09.2022
Pilule du lendemain - 1977 - 02:47 - vidéo
 

L’accès à la contraception d’urgence, ou pilule du lendemain, sera rendu gratuit et sans ordonnance pour toutes les femmes quel que soit leur âge, a annoncé le ministre de la Santé, François Braun. Objectif : « lutter contre leurs difficultés d’accès à la contraception d’urgence, car on sait que son efficacité est maximale dans les 24 heures qui suivent le rapport à risque de grossesse », a-t-il expliqué à 20 minutes.

Ce contraceptif d’urgence était jusque-là gratuit et sans ordonnance uniquement pour les femmes mineures, auprès des pharmacies, des infirmières scolaires ou encore dans les centres de dépistage. Les femmes majeures de moins de 26 ans pouvaient également l’obtenir gratuitement, mais sur prescription.

À l'étude dès les années 1970

La pilule du lendemain telle qu’on la connaît aujourd’hui est sur le marché français depuis 1999. Mais, dès les années 1960 et 1970, diverses méthodes sont expérimentées. C'est le cas par exemple de la prise de fortes doses d'œstrogènes, l’hormone présente dans les pilules contraceptives. En 1977, le reportage en tête d'article faisait le point sur les recherches en cours. Une forme de pilule d'urgence, dont « l’application n’est pas encore immédiate en France », était à l'étude, expliquait le docteur Henri Rozenbaum.

Elle devra être prise dans les 6 heures qui suivent un rapport et autant de fois que nécessaire. « La pilule du lendemain s’adressera aux femmes qui ont des rapports intermittents, des femmes célibataires ou des jeunes filles. Elle en est pour l’instant au stade d’expérimentation », précisait le docteur Henri Rozenbaum.

Des méthodes existaient déjà pour que les femmes puissent faire face à une potentielle grossesse non désirée. En règle générale, il s’agissait d’utiliser les contraceptifs classiques comme contraceptifs d’urgence. Le docteur Rozenbaum détaillait : « Il y a déjà un procédé que l’on peut utiliser dans les jours qui suivent un rapport qui n’a pas été protégé (...), ce sont les stérilets au cuivre (...). Et, ça peut être l’occasion pour la femme de continuer avec cette méthode de contraception si elle la supporte bien. »

Autre possibilité, à la marge : « une pilule du lendemain que l’on peut utiliser à l’heure actuelle en France, mais qui doit rester un procédé d'exception parce que cela équivaudrait, en dose d’hormones, à avaler dix plaquettes de pilule classique. C’est une roue de secours. »

La polémique RU486

Jusqu’à la mise sur le marché de la pilule du lendemain en 1999 en France, il n’existait pas de moyen dédié pour gérer le risque de grossesse juste après un rapport. Avec la légalisation de l’avortement en 1975, l’utilisation d’une pilule abortive se développe. Découvert au début des années 80 et mis sur le marché en 1988 en France, le RU486 était alors utilisé pour la contraception d’urgence et l’avortement.

Du fait de ce glissement entre contraception et avortement, le RU486 a provoqué des levées de bouclier dans les milieux conservateurs. Ses effets secondaires ont également mené à changer le procédé d’administration, comme le montre l'archive de 1991, ci-dessous. A propos de cette « pilule de la polémique », la journaliste expliquait : « Jusqu'à présent, pour améliorer l'efficacité du RU486, on lui associait une hormone en injection intramusculaire : la prostaglandine, favorise l'expulsion de l'œuf. Inconvénients de cette méthode : des crampes utérines fréquentes, de violentes douleurs au ventre plus rarement des problèmes cardio-vasculaires. »

RU486 : pillule abortive et mode d'emploi
1991 - 01:37 - vidéo

Procédé révolutionnaire

En 1999, le premier contraceptif d’urgence hormonal, vendu en tant que tel en Europe, arrivait ainsi dans les pharmacies françaises. « Elle sera disponible en pharmacie le 4 janvier, la pilule du lendemain arrive sur le marché français », annonçait le reportage ci-dessous. Le Tetragynon, ce sont quatre comprimés à prendre dans les 72h, délivrés sur ordonnance. Et de grands objectifs lui étaient adjoints puisqu'il « devrait éviter trois grossesses non désirées sur quatre. Et donc faire chuter le nombre des avortements. »

Le caractère révolutionnaire du procédé était rappelé par la journaliste : « La pilule du lendemain existait mais jusqu’à présent, comme disent les médecins, “du bricolage” : on prenait quatre comprimés d’une plaquette de pilule déjà en vente. » Un directeur de centre de planification, Jacques-Edouard Mention réitérait : « elle s’adresse essentiellement aux plus jeunes. » Un public visé qui, dès 2002, a pu accéder à cette contraception d’urgence gratuitement et sans ordonnance. 20 ans plus tard, ce dispositif devrait s’ouvrir à toutes.

Pilule lendemain
1998 - 02:07 - vidéo

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