Le noir. C'était l'instrument majeur de Pierre Soulages. Une obsession dans ses toiles depuis ses premiers coups de pinceau. En 1968, il expliquait ainsi son lien à cette couleur : « Ce n'est pas tellement un souci de contrôle qui m'a fait choisir le noir, c'est un souci d'intensité. D'intensité sur le plan plastique, mais aussi sur l'arrière-plan qu'est la qualité poétique que l'on peut tirer de certains contrastes, de certaines oppositions, de certains passages. »
Le noir, couleur ou absence de couleur ? Il était pour lui source d'un mystère insondable. Soulages l'accompagnait parfois de touches colorées, mais à ses débuts, le plus souvent, il l'appliquait sur du blanc. Le contraste ultime. Un rapport présence/absence : « Un tableau en noir et blanc, quand on le voit sur un mur, il exclut les couleurs qui l'entourent », déclarait-il encore. Le noir dans ce qu'il a de plus profond, sur toute la surface.
Les « outrenoirs »
À partir de 1979, Soulages commença à peindre ses « outrenoirs ». Des toiles jusqu'à trois mètres de hauteur, très texturées. Il appliquait le noir sur du noir, brossé, étalé, raclé, creusé, presque sculpté. Les reliefs et les sillons créant des jeux de lumière, comme l'expliquait l'un des spécialistes de Soulages en 1996, Pierre Encrevé, Linguiste et historien d'art : « Quand on se déplace devant la toile, alternativement, le même point est blanc ou noir. Enfin, par forcément noir, ça dépend de la lumière qu'on projette dessus. À Sète, devant la mer, la toile est souvent très bleue. » Les traces de Soulages interrogeaient l'espace et le temps, le rythme, la géométrie, la proportion. Mais quel message ? Quelle interprétation ? En 1998, 20 ans après ses premiers « outrenoirs », il ne savait pas répondre : « Je travaille par désir, par plaisir de peindre, par besoin d'interroger ce que recèle la peinture que je suis en train de faire. Mais c'est toujours ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche », confiait-il.
La lumière surgit du noir. Voilà qui a bâti le succès de Soulages.
En novembre 2019, un mois avant ses 100 ans, l'artiste avait battu son record de vente aux enchères. Son tableau sobrement baptisé « Peinture, 200 x 162 cm, 14 mars 1960 » avait été adjugé pour un montant de 9 millions 600 000 euros, faisant de lui l'artiste le plus côté de son vivant.
Pour en savoir plus sur Pierre Soulages
Un site de l'INA - Pierre Soulages en images - propose de revisiter l'oeuvre et le parcours de l'artiste à travers une sélection de vidéos issues des archives.
Pour les créateurs de contenus
Un dossier dédié à Pierre Soulages est disponible sur médiaclip, l'offre vidéo de l'INA doté d'un catalogue inédit d'archives prêtes à publier.