L'ACTU.
France 2 diffuse mardi 17 janvier deux épisodes du documentaire «L'affaire d'Outreau» qui retrace les faits de cette affaire de viols sur enfants perpétrés à la fin des années 90 à Outreau dans le Pas-de-Calais. Sur 17 accusés jugés en première instance en 2004, originaires d'Outreau et de ses environs, la justice ne retiendra finalement que quatre coupables de viols à l'issue du procès en appel en 2005. Il y aura donc 13 personnes acquittées. Certains ayant faits de la prison pendant de longs mois. Une Commission parlementaire avait été constituée pour tenter de comprendre les dysfonctionnements de la justice dans cette affaire. Ce sont les témoignages de certains acquittés que nous vous proposons d'écouter dans l'archive en tête de cet article.
LES ARCHIVES.
Nous sommes le 18 janvier 2006, jour de l'audition des acquittés de l'affaire devant la Commission d'enquête parlementaire qui avait commencé ses travaux quelques jours plus tôt. Les derniers acquittements avaient été prononcés le 1er décembre 2005. Et les paroles prononcées ce jour-là seront fortes et poignantes.
À commencer par ceux de Karine Duchochois. Seule acquittée à ne pas avoir été emprisonnée, elle raconte toutefois la douleur de cette affaire, ses relations avec son premier garçon et confesse que même après l'acquittement, «la vie n'est pas rose».
Il y a aussi David Brunet qui explique : «Je vis mais je me couche avec l'affaire dans la tête et je me réveille avec l'affaire dans la tête (...) moi, je vis très mal, je vis quotidiennement sur le stress, l'angoisse et la peur».
Ce sont également Daniel Le Grand, ou Odile Marécaux ou Lydia Mourmand, soeur de François Mourmand, mort en prison en criant son innocence, qui racontent. Tous dénoncent la douleur ressentie pendant cette affaire, cette «machine à broyer» qu'a été pour eux l'institution judiciaire.
Ce 18 janvier, les auditions des 13 acquittés dureront 10 heures.
La Commission remettra son rapport le 6 juin 2006, après six mois de travaux. Plus de 600 pages et 80 propositions pour améliorer la justice. Ces dernières vont de la réforme de la garde à vue à celle de la détention provisoire, en passant par une instruction repensée. La réforme d'envergure de la justice, voulue par les députés, n'aura pas lieu à cette occasion. La réforme adoptée en 2007 ne reprendra que huit propositions. Dont l'amélioration de la gestion de la garde à vue.
L'affaire Outreau était aussi concentrée sur la personne du juge Fabrice Burgaud qui lui-aussi sera longuement entendu par la Commission. Quelques jours avant, il avait pris la parole dans la presse pour défendre sa position.
Réactions des acquittés d'Outreau et de magistrats aux propos du juge Burgaud
2006 - 02:59 - vidéo
Burgaud
L'affaire avait tellement traumatisé le pays que le président Jacques Chirac avait pris la parole. Il avait présenté des excuses aux treize acquittés dans une lettre adressée à chacun d'entre eux. «Au nom de la justice dont je suis le garant, je tiens à vous présenter regrets et excuses devant ce qui restera comme un désastre judiciaire sans précédent", avait écrit l'ancien président. Ces lettres, personnalisées pour chacun des acquittés, se terminaient par cette formule écrite de la main du président : «Avec tout mon soutien et de tout coeur à vos côtés».