L'ACTU.
Dans un rapport publié le 20 juin 2023, l’Anses alerte sur la prolifération d’une algue toxique sur la côte basque. Cette micro-algue tropicale toxique, appelée ostreopsis, a fait son apparition sur le littoral basque en août 2021. La nouvelle inquiétait, car cette algue peut provoquer des troubles respiratoires, oculaires et états grippaux, voire gastriques. Cette détection avait contraint des villes du littoral comme Biarritz, Bidart ou encore Guétary à fermer leurs plages et à interdire la baignade.
Ostreopsis ovata nous vient des Tropiques. On l'a repérée la première fois en 1972 dans la rade de Villefranche mais elle était auparavant implantée en Italie, notamment à Gênes. En petit nombre, l'algue est inoffensive, mais elle peut provoquer de graves intoxications, de la fièvre, des nausées, des irritations lorsqu'elle prolifère.
Des cas d’intoxication, voire de décès par voie alimentaire, dus à des produits de la mer pêchés à proximité d’une prolifération, ont également été observés hors de la France. « Mais le lien avec Ostreopsis reste incertain », a précisé l’agence dans son rapport.
L'ARCHIVE.
L'archive en tête d'article date du 25 juin 2007, à l'époque ostreopsis était placée sous haute surveillance par les scientifiques, car elle venait d'apparaître en Méditerranée où elle se développait à très faible profondeur, près des rivages, et des plages. Roger Kantin, ingénieur Ifremer, dressait le portrait de cette indésirable, repérée l'année précédente près de Frioul et qui avait nécessité la fermeture de la plage : « Car elle provoque des irritations ». On ne savait pas grand-chose alors sur cette algue exotique, si ce n'est qu'elle aimait « la chaleur et la luminosité ».
Rodolphe Lemée, maître de conférence à l'observatoire de Villefranche, estimait pour sa part qu'il y avait certainement « d'autres facteurs aux conditions de sa prolifération qu'on ne connait pas encore, car s'il y avait simplement la température et la lumière, elle pourrait se développer partout », alertait-il.
Une étude menée à partir de 2008
A l'époque, l'Ifremer, l’observatoire de Villefranche et l'observatoire du littoral de Nice attendaient le feu vert - et un budget de 120 000 euros - pour lancer une étude plus approfondie. Un an après, l'étude était prête à démarrer au laboratoire de Villefranche. Des prélèvements avaient été effectués à Gênes en Italie et à Marseille. Il faudrait encore deux ans supplémentaires pour en savoir plus sur ces « amas gélatineux, inoffensives [les algues] en petit nombre, mais toxiques lorsqu'elles se multiplient ». Les prélèvementsdes organismes avaient été réalisés par des étudiantes en écologie.
Etude d'une algue toxique en Méditerranée : l'ostréopsis Ovata
2008 - 02:54 - vidéo
D’ores et déjà, sa présence « un peu partout en Méditerranée », inquiétait ces chercheurs. L'Ifremer avait établi des taux au-delà desquels elles deviendraient dangereuses et établissait, en outre, une corrélation entre l'augmentation des températures des eaux de surface en Méditerranée et leur prolifération.
Le 25 juillet 2008, à peine quelques jours après le reportage précédent, une plage de Villefranche devait être fermée après l'observation d'un taux élevé d'ostreopsis. Interdiction de la baignade et information des professionnels de santé, la mairie restait optimiste.
Algues toxiques : plage fermée à Villefranche-sur-mer
2008 - 01:35 - vidéo
En 2015, l'enquête des scientifiques avait bien avancé. Les chercheurs de l'Ifremer se considéraient comme des lanceurs d'alerte, entre surveillance des eaux et identification des causes de développement de ces micro-algues toxiques. Les échantillons d'ostréopsis révélaient le lien entre l'évolution du climat et celui des fonds marins (réchauffement de l'eau, acidification).
Méditerranée : études sur une micro algue toxique et sur les fonds marins
2015 - 02:58 - vidéo
En aout 2021, l'apparition de l'algue ostreopsis au pays basque a étonné, comme le précisait Sarah Halimi de l’ONG Surfrider Foundation dans une interview accordée à France info, le 10 août 2021 : « C'est vraiment un phénomène qu'aujourd'hui, on a du mal à comprendre et du mal à cerner puisque, comme je disais, l'algue étant tropicale, elle aime une eau chaude, des milieux calmes, peu de profondeur, ce qui ne sont pas vraiment les caractéristiques de la côte basque. » Les chercheurs vont devoir percer ce nouveau mystère.