Le 15 juillet 1996, Nelson Mandela était en visite en France. A l'Elysée le président Jacques Chirac lui rendait hommage : "La France est heureuse d'accueillir un de ces chefs d'état qui ont écrit de leur main et de leur sang une page qui honore l'histoire de notre planète.".
Mandela acceptait d'évoquer le but de sa visite, demander de l'aide pour son pays, vêtu d'une chemise en soie imprimée de couleurs vives il déclarait : "Les valeurs démocratiques de la République sont nées de la Révolution... Notre combat est pour un changement démocratique dans notre pays... On essaie d'installer la démocratie dans un pays où auparavant elle n'existait pas et la France doit nous aider... La France doit être un partenaire économique de premier plan...". Il évoquait ensuite sa vision de la retraite qu'il espérait prendre deux ans plus tard. Son rêve était de jardiner et de prendre le temps d'écouter ses enfants et ses petits enfants, de passer du temps avec eux.
Le premier combat
Icône internationale du combat anti-ségrégationniste, l'héritier royal de la tribu des Thembu Xhosa (Lesotho) se lance très tôt l'action. Il a à peine 20 ans lorsqu'il est exclu de l'université de Fore Hare pour avoir boycotté les cours. C'est d'ailleurs sur les bancs de cette faculté qu'il rencontrera son compagnon de lutte en la personne d'Olivier Tambo.
L'engagement
Résolument décidé à en finir avec la domination politique de la minorité blanche en Afrique du Sud, Nelson Mandela rejoint en 1942 l'ANC (Congrès national africain). Avec Olivier Tambo et Walter Sisulu, ils fondent la ligue jeunesse du congrès. Leur mot d'ordre : « Les Africains revendiquent la liberté sur la base d'un homme (égale) un vote et leur indépendance politique ». Mais le Parti national afrikaner, au pouvoir depuis 48, ne l'entend pas de la sorte. Et sa réponse en un mot sonne comme une sentence : apartheid.
La perpétuité
Face à ce gouvernement pour lequel la violence est la loi, l'ANC et Mandela prennent les armes. Les heurts sont féroces et bien souvent mortels. Le pays plonge dans le black-out. Accusé de haute trahison et de 193 actes de sabotages, Nelson Mandela est emprisonné en 1963. En 1964, le verdict de la cour est sans appel : prison à perpétuité.
Les années de détention
Les portes du pénitencier de Robbin Island se referment derrière Mandela. Durant 20 années, il cassera des cailloux dans ce bagne au large du Cap. Son incarcération transforme l'homme en héros. Sa seconde femme Winnie porte sa parole. De militante, elle devient leader politique de l'ANC. Chaque anniversaire de Nelson Mandela est l'occasion pour Noirs et Blancs de demander sa libération. Et toujours une intransigeante réponse : apartheid.
La libération
Mis en résidence surveillée en 1988, Mandela est définitivement libéré le 11 février 1990.
Retrospective : Nelson Mandela
1993 - 02:46 - vidéo
Après 27 ans d'emprisonnement, le président Frederik de Klerk fait appel à lui pour maintenir la paix civile en Afrique du Sud. Dès son retour chez lui, dans le ghetto de Soweto, Nelson Mandela prononce ces mots : « Aujourd'hui mon retour à Soweto remplit mon cœur de joie et en même temps, je reviens aussi avec une grande tristesse, une tristesse d'apprendre que vous souffrez encore
».
Ensemble, de Klerk et Mandela conduiront à l'abolition de l'apartheid. Action pour laquelle ils recevront le prix Nobel de la Paix en 1993.
Les années au pouvoir
Dès lors commencent les années lumières. Nelson Mandela parcourt le monde et est reçu chaque fois comme un chef d'Etat. Une prémonition ? Certainement puisque le 27 avril 1994, l'ancien prisonnier devient le président de la nation arc-en-ciel. Journée historique : les townships sont en liesse, l'espoir renaît, la démocratie est en marche. Et le gotha mondial est là pour assister à l'investiture du siècle.
En 1999, après un unique mandat, Nelson Mandela décide de quitter la scène politique. Et si pendant cinq ans, il n'a pas réussi a apporter toutes les réponses aux nombreux problèmes de son pays, il a posé les pierres fondatrices d'une nouvelle Afrique du Sud.
Une nouvelle lutte : le sida
Discret depuis son retrait politique, il menait un nouveau combat : celui contre le sida. En officialisant le VIH comme cause de la mort de son fils en 2005, Nelson Mandela, accompagné de sa troisième épouse Graça Machel, souhaitait briser les tabous qui entourent cette maladie dans le pays.
Mandela se mobilise contre le Sida
2003 - 01:55 - vidéo
Celui qui a porté à bout de bras le « miracle sud-africain » décède le 5 décembre 2013 à l'âge de 95 ans.
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