L'ACTU.
Jeudi 5 octobre 2023, la dernière mesure biannuelle de la hauteur du mont Blanc a été dévoilée. Le toit de l'Europe occidentale culmine désormais à 4 805,59 mètres, contre 4 807,81 mètres en 2021. Et, 4 806,03 mètres en 2019.
Cette prise de mesure est effectuée tous les deux ans depuis 2001. Cette année, une équipe de près de 20 personnes a grimpé le sommet. Scientifiques, géomètres et sportifs tels que Martin Fourcade ont passé trois jours dans cette expédition au milieu du mois de septembre dernier.
Si la nouvelle mesure est basse, les spécialistes soulignent qu'elle n'est pas, à elle seule, représentative du changement climatique. Il s'agit seulement d'un indicateur. Le sommet connait une certaine variabilité naturelle et saisonnière de sa hauteur. Sa taille dépend principalement des chutes de neige et du vent. Cependant, la tendance du sommet est plutôt à la baisse depuis 2007 et la mesure record de 4 810,4 mètres. Il s'agit donc de voir si la tendance se poursuit dans les prochaines années.
LES ARCHIVES.
Pour tout écolier sérieux dans son apprentissage des cours de géographie, le mont Blanc mesure 4 807 mètres. Et pourtant, en 2001, le « toit de l'Europe » était mesuré 4 810,4 mètres. À partir de cette année-là, la mesure devenait biennale. Ainsi, en 2003, on annonçait aux journaux télévisés comme celui en tête d'article : « Le mont Blanc est passé sous la toise. Et en deux ans, il a perdu près de deux mètres d'altitude. » Cette fois-ci, le mont Blanc atteignait seulement 4808,45 mètres.
Un rétrécissement dû à « une conjonction de phénomènes météo », décrivait-on sur France 2. Parmi lesquels, selon le journaliste, un été 2003 historiquement chaud. L'une des explications « la plus évidente [est] le réchauffement de la planète et en particulier la canicule de cet été. » Et de s'empresser de préciser : « Ses effets sont pourtant très limités. À cette altitude, la température est très rarement positive, la raison essentielle tient, en fait, au vent très puissant en haut du mont blanc. Des vents déterminants pour l'épaisseur du manteau neigeux. »
Le glaciologue Robert Vivian précisait : « Les précipitations, quel que soit leur total annuel et saisonnier, sont complètement blackboulées par ces vents qui arrivent et qui font qu'ils en reste ou beaucoup ou peu. » En réalité, « le sommet du mont Blanc est un glacier de 40 mètres d’épaisseur et non un rocher. C'est la raison pour laquelle l’altitude varie ». Les scientifiques de l'époque parlaient d'une amplitude de variation d'une dizaine de mètres. Et concluaient : « Quelques mètres ou deux mètres comme cette année, ce n'est pas grand-chose ».
Une aventure sportive et humaine
À l'occasion de la mesure de 2009, France 3 interrogeait dans l'archive ci-dessous Pierre Bibollet, président national de l'ordre des géomètres. Il racontait l'« aventure sportive et humaine » qu'était l'expédition au sommet du mont Blanc pour le mesurer. Et comment celle-ci permettait à la communauté scientifique de modéliser la calotte sommitale pour en étudier l'évolution. Et le journaliste de décrire : « Il aura quand même fallu plus de deux heures de travail, par -15°C et avec un vent à 60km/h pour que le matériel très spécifique recueille les données qui vont permettre d'établir la nouvelle altitude ».
Invité : Pierre BIBOLLET, président national de l'ordre des géomètres.
2009 - 05:49 - vidéo
Pierre Bibollet annonçait 4810,45 pour 2009 et concluait à une moyenne sur les « cinq dernières observations (...) autour des 4810 mètres ». Une quinzaine d'années plus tard, le sommet atteignait malheureusement avec difficulté les 4 805,6 mètres.