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Le discours de Michel Rocard dans lequel il prônait le sens du dialogue et le respect en politique

Le discours de Michel Rocard dans lequel il prônait le sens du dialogue et le respect en politique

Mardi 30 janvier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale. Rendez-vous incontournable - et très attendu - de la Ve République, ce passage devant les députés permet au nouveau Premier ministre de présenter la politique qu'il entend mener. Parmi les discours marquants de ses prédécesseurs, il y a celui de Michel Rocard en 1988.

Par Florence Dartois - Publié le 20.06.2023 - Mis à jour le 30.01.2024
 

L'ACTU.

Le 30 janvier 2024, Gabriel Attal a prononcé sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale. Chaque nouveau Premier ministre l'a fait avant lui, avec plus ou moins de succès. En pleine crise agricole, ce rendez-vous hautement symbolique devient pour Gabriel Attal, l'occasion d'asseoir son autorité. Certains de ces discours de politique générale sont restés dans les mémoires, notamment celui de Michel Rocard.

UN DISCOURS MÉMORABLE.

D'ailleurs, le 19 juin 2023, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet procédant au dévoilement d’une plaque au nom de l'ancien Premier ministre avait rendu hommage à ce discours. À cette occasion, le comédien Jean-Pierre Darroussin avait lu deux passages du discours de politique générale de Michel Rocard dans lequel il présentait sa conception de l'action gouvernementale. Ce fut l'occasion de réentendre un large extrait du discours de politique générale qu'avait prononcé Michel Rocard le 29 juin 1988. L'homme politique fut le locataire de Matignon de 1988 à 1991 où il mena une politique d'ouverture sous la présidence de François Mitterrand.

Le comédien a lu deux extraits de ce discours, long de deux heures. Un premier sur la conception de l'action gouvernementale, et un second dans lequel le Premier ministre dévoilait ses rêves d'harmonie, de partage et de dialogue pour la France et les Français.

La lecture de Jean-Pierre Darroussin dans l'hémicycle.

Respect et responsabilité politique

Nous vous proposons de découvrir la transcription et les extraits originaux des deux passages lus par l'acteur. Le premier extrait, en tête d'article, décrit la vision de Michel Rocard de la politique qu'il espérait conduire dans le cadre, comme aujourd'hui, d'une majorité relative.

« Aucune formation ne détient la majorité absolue dans cette Assemblée. Les socialistes dont j'ai la fierté d'être y sont majoritaires, mais de manière seulement relative. Ainsi en ont décidé les Français.

Notre tâche, dès lors, n'est pas simplement de nous en accommoder, d'essayer tant bien que mal de rassembler des voix au hasard des projets.

Les Français ont exprimé ce qu'ils voulaient, leur volonté est notre loi et j'entends l’appliquer.

Cela signifie en premier lieu que la politique conduite sera conforme aux valeurs qui font les socialistes. La tolérance, la justice, le progrès, la solidarité.

Tous mes amis qui siègent sur ces bancs y sont acquis. Mais ils savent aussi que les idées qu'ils défendent ne sont jamais si belles, si rayonnantes, que quand elles valent pour tous. Nos priorités ne sont pas celles d'une moitié de la France contre l'autre moitié, mais celles de tous les Français. Défaire ce que les autres ont fait, faire ce que d'autres déferont, voilà bien le type de politique dont les électeurs ne veulent plus.

Nous ne demanderons à personne de nous rejoindre par intérêt ni de trahir ses convictions. Tous les socialistes qui sont ici entendent bien le rester. Et nous comprenons donc que d'autres, qui sont centristes, communistes, libéraux ou gaullistes n'envisagent pas non plus de renoncer à l'être.

Mais avec ceux qui sauront être ouverts, nos différences s'accorderont, sans que nul n'ait besoin de renoncer à ce qu'il est. C'est là ce que veulent les Français et c'est à leur égard que chacun devra donc prendre ses responsabilités.

J'ai pris les miennes dans le règlement du dossier néo-calédonnien : en me refusant à toute polémique partisane à l'égard de mes prédécesseurs, en informant et associant ceux des responsables politiques de l'opposition qui l'ont bien voulu.

À convictions anciennes, fidélité maintenue. Mais à temps nouveaux, pratiques résolument nouvelles ».

Sens du dialogue et liberté

« Mesdames et Messieurs, je me suis, dans cette déclaration, soigneusement abstenu de toute mise en cause, de toute dénonciation. Rien ne serait plus contraire à la passion de la France unie que nous fait partager François Mitterrand. Rien en effet ne serait moins conforme aux besoins des Français.

En tant que responsable, mon propos est sans doute austère. En tant que citoyen et tout simplement en tant qu'homme, mon enthousiasme est entier, mon espoir est intact.

Je rêve d'un pays où l'on se parle à nouveau. Je rêve de villes où les tensions soient moindres. Je rêve d'une politique où l'on soit attentif à ce qui est dit, plutôt qu'à qui le dit. Je rêve tout simplement d'un pays ambitieux dont tous les habitants redécouvrent le sens du dialogue, -pourquoi pas de la fête - et de la liberté.

Je suis de ceux qui croient, au plus profond d'eux-mêmes, que la liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement.

Chérir la liberté de cette manière-là, c'est, autour des thèmes que je vous ai proposés, la réconciliation, la solidarité, les chemins de l'avenir, construire un nouvel espoir pour que vivent les Français et pour que vive la France ».

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