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Michel Klein, le plus célèbre vétérinaire du petit écran

Michel Klein, le plus célèbre vétérinaire du petit écran

Vétérinaire et célèbre figure médiatique, Michel Klein est mort le 19 octobre 2024 à l’âge de 103 ans. Des années 1960 à 1990, il fut l'un des fers de lance de la cause animale qu'il défendit à la télévision, officiant aussi bien dans sa clinique que dans les cirques et les zoos. Les images tournées sur lui témoignent de la richesse de sa vie professionnelle au service des animaux.

Par Florence Dartois - Publié le 21.10.2024
Les tribulations d'un vétérinaire - 1974 - 00:00 - vidéo
 

L'ACTU.

L'un des vétérinaires les plus populaires des médias est mort le 19 octobre 2024 chez lui, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Michel Klein officia sur le petit écran des années 1960 aux années 1990, apparaissant de manière récurrente dans de nombreux programmes consacrés aux animaux, comme « Les Animaux du monde », « 30 millions d'amis », « Le Club Dorothée » ou sa chronique intitulée « Terre, attention danger ».

SA BIOGRAPHIE.

Michel Klein est né en 1921 dans le nord-ouest de la Roumanie, avant de rejoindre la France dans les années 1930 pour suivre ses études. Étudiant en pleine Seconde Guerre mondiale, il rejoint la Résistance via le réseau toulousain PRUNUS. L'un des grands drames de sa vie fut la disparition de ses parents et de sa sœur qui furent déportés et tués à Auschwitz. Une fois la guerre terminée, après avoir sillonné le monde pour les Nations unies en aide aux personnes déplacées, il ouvre l'un des premiers cabinets vétérinaires à Paris.

Vétérinaire des chiens et des chats, il consacra également une grande partie de sa carrière au soin des animaux sauvages des zoos et des cirques. Cette pluridisciplinarité et sa capacité à vulgariser son métier firent de lui une figure incontournable de la télévision. Durant plus de 30 ans, il fut un visage familier des téléspectateurs.

LES ARCHIVES.

La première archive disponible en tête d'article est un reportage consacré aux tribulations du vétérinaire. Michel Klein y évoque sa passion des animaux et ce qui le motive à les soigner et à les défendre. Nous sommes en mars 1974, à l'époque, les Français sont 50 millions et les chats et chiens, 10 millions. Ils sont plusieurs milliers chaque jour à être perdus, abandonnés ou battus. Pour l'animal retrouvé sur la voie publique et attrapé par la fourrière, l'espérance de vie est mince, car la loi autorise à les éliminer. Les animaux non identifiés sont euthanasiés après 48 heures. Michel Klein se battra pour les sauver et reconnaître leurs droits : « Les animaux n'ont absolument rien ni personne pour les défendre, à part ceux qui veulent bien les défendre. Et les défendre d'ailleurs gratuitement (...) Lorsque je pratique une opération difficile (...) lorsque j'ai la chance de gagner - c'est une lutte contre un mal - eh bien, j'éprouve une satisfaction immense et cela peut représenter un moment de bonheur. »

Ses débuts de vétérinaire à la télé

Les premières apparitions du vétérinaire sur le petit écran datent de 1961. Sa capacité à soigner les animaux les plus exotiques fascine les journalistes. Ils n'hésitent pas à filmer ses interventions spectaculaires et inédites pour l'époque, à l’instar de cet incroyable reportage : l'opération stomatologique sous anesthésie générale d'un petit singe, réalisée dans son cabinet. L'animal apeuré souffrait des dents, ce qui l'empêchait de s'alimenter. Le reportage montre chaque étape de l'opération.

Stomatologie pour un petit singe
1961 - 00:00 - vidéo

Deux jours après ce reportage, le magazine « Au-delà de l'écran » retourne à la clinique vétérinaire pour interroger Michel Klein sur sa vocation. Il explique qu'il soigne tous les animaux, chiens, chats, se targuant même de pouvoir opérer « des éléphants, des chameaux... et même des poissons rouges ». De la chirurgie générale aux opérations les plus pointues, le vétérinaire ne s'interdit aucune prouesse quand il agit de sauver un animal : opération des os, des yeux ou du cœur, la palette est large comme il le raconte dans l'archive ci-dessous.

« Tous les amis des bêtes peuvent compter sur nous, nous soignerons leurs animaux de compagnie avec autans d'égards qu'on peut soigner un être humain ».

Après ce premier passage réussi dans la petite lucarne, Michel Klein sera régulièrement invité sur les plateaux. Il créera l'émission « Je cherche un maître », relative aux chiens abandonnés, avec, pour producteur, Frédéric Rossif. Ils collaboreront de manière régulière à partir de 1969 dans le magazine « Les animaux du monde ». Le vétérinaire sera aussi un chroniqueur régulier du magazine « 30 Millions d'amis » à partir de 1974.

Son combat contre la maltraitance animale et les abandons

Michel Klein fut un grand défenseur de la cause animale. Qu'ils soient domestiques ou sauvages, des forêts ou des savanes, en appartement ou dans une cage, tous les animaux trouvent grâce à ses yeux. Il mena notamment de nombreuses campagnes, parfois aux côtés de Brigitte Bardot, pour dénoncer la maltraitance animale. Nous le retrouvons ci-dessous dans le magazine « Aujourd’hui Madame » consacré à ce thème. Le vétérinaire se lance dans un long plaidoyer pour la défense des animaux et décrit une « maltraitance occultée », difficile à repérer et à réprimer. Il fustige avec gravité toute forme de chasse qu'il avoue vouloir faire strictement interdire.

«La population animale, quelle qu'elle soit citadine ou sylvatique est nécessaire pour la vie humaine. L'homme se détruit tout seul et lui-même en détruisant les animaux».

Il occupa le poste de vice-président de la SPA de 1960 à 1978 et chercha des solutions pour faire baisser les abandons. Nous le retrouvons ci-dessous, dans l'émission « Aujourd'hui madame », le 30 décembre 1971. Alors que de nombreux enfants viennent de recevoir un animal de compagnie pour Noël, Michel Klein prodigue ses conseils pour réussir son adoption et éviter un futur abandon. Il conseille notamment de faire appel à des éducateurs canins, ce qui est avant-gardiste. Il livre quelques clés de compréhension du comportement des canidés.

Dans cette intervention, Michel Klein rappelle une loi qui vient d'instituer l'identification par tatouage et la vaccination des chiens et chats. Même s'il ne le précise pas, c'est lui qui a soufflé l'idée de rendre obligatoire le tatouage des animaux perdus ou abandonnés, dès 1970, au Premier ministre Jacques Chaban-Delmas. Quelques années plus tard, Conseiller d'André Jarrot, ministre de la qualité de la vie, Michel Klein proposera le projet qui déboucha sur la Loi du 10 juillet 1976 sur la protection de l'animal, avec son article 9 consacré à la sensibilité animale : « Tout animal étant un être sensible doit être traité dans les conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ».

« Il faut éduquer les maîtres en même temps que le chien. Il y a beaucoup de chiens mieux élevés que beaucoup de gens » ! Dans l'archive, à noter, l'apparition d'un autre amoureux de la nature, le conteur des « Histoires d'animaux » : Jacques de Sugny, plus connu sous le pseudonyme de Jacques Trémolin, grand habitué, lui aussi, des plateaux télé. 

L'importance du lien homme-animal

La séquence précédente se terminait par un échange amusant à propos du mimétisme fréquent entre le caractère du chien et celui de son maître. Dans l'archive qui suit, nous retrouvons Michel Klein en consultation dans sa clinique. Comme il l'évoquait précédemment, il aborde ici un thème qui lui tient à cœur, le lien quasi psychanalytique existant entre le maître et l'animal. Le vétérinaire préconise d'ailleurs une collaboration entre un psychanalyste qui s'occuperait du maître et un vétérinaire pour le subconscient de l'animal. Dans cette consultation « foutraque » et particulièrement hilarante, il est question d'une femelle Yorkshire amoureuse de son maître, au grand dam de l'épouse... et d'un petit singe accro aux cheveux de sa maîtresse.

« Lorsque mon mari rentre, je n'existe plus... » (la maîtresse du Yorkshire amoureux de son mari)
« Il existe certainement un tropisme entre le psychisme profond d'un être humain et le type d'animal que l'on veut choisir (...) Je ne crois pas qu'il y ait une ressemblance, mais, par contre, un mimétisme, ce qui est totalement différent. On observe souvent un mimétisme entre l'homme et l'animal ». (Michel Klein)

Défenseur de la faune sylvestre

Nous l'avons vu, Michel Klein défendait la faune sauvage, prônant par exemple l'interdiction de la chasse. Dans l'une des archives précédentes, il évoquait l'importance de protéger les animaux « sylvatiques », entendez nos voisins des forêts, souvent considérés à tort comme des nuisibles (Blaireaux, belettes, martres...). Parmi ces « nuisibles », en 1980, il y avait les renards. Dans l'archive ci-dessous, il s'insurge contre leur extermination organisée. Car malheureusement pour eux, ils étaient touchés par une maladie mortelle : la rage. À l'époque, les autorités autorisaient à les tuer en masse pour éviter sa propagation.

Reçu dans le magazine « L'invité de FR3 » le 19 octobre 1980, le vétérinaire livrait un témoignage poignant sur cette hécatombe et le sort réservé aux canidés Vulpes gazés dans leurs terriers. Pour ce fils de déportés, ce gazage était insupportable. Il se trouve que le gaz utilisé était le même que celui usité dans les camps de concentration. Exprimant sa colère, il expliquait que des vaccins et des traitements simples existaient et auraient dû être privilégiés pour protéger et soigner les animaux domestiques.

« Pour moi, intérieurement, quand j'entends ce terme de zyklon B, je pense à ma mère qui est morte à Auschwitz par le zyklon B. Le renard qu'on va gazer dans le terrier, pour moi, c'est la même chose ! »

Un habitué des zoos et de cirques

De ses voyages autour du monde, Michel Klein rapporta une passion pour la faune sauvage qui lui valu de se spécialiser dans les soins aux animaux exotiques en captivité. Dans l'archive suivante, il se rend au chevet d'une panthère des neiges atteinte d'une pneumonie. Nous sommes au zoo de Jean Richard, le célèbre acteur qui incarna de longues années le commissaire Maigret. Il possédait un zoo à Ermenonville (Oise). Les deux hommes furent liés par une amitié durable. Dans cette séquence, inhalateur, fumigation, nettoyage du museau, le vétérinaire mettait tout en ouvre pour calmer et soigner sa patiente, privilégiant l'intelligence du contact à l'autoritarisme.

« Quand on a la chance d'avoir Michel Klein, c'est déjà beaucoup de problèmes qui sont réglés, parce qu'il faut un bon vétérinaire ». (Jean Richard)

Deux ans plus tard, en 1974, nous retrouvons le vétérinaire pluridisciplinaire dans le cirque de son ami Jean Richard. Il est venu pour autopsier un éléphant mort d'un infarctus. Parmi ses patients du jour, des tigres. L'occasion pour lui d'évoquer l'origine de sa passion pour tous les animaux sauvages. Ce jour-là, il tente de soigner Pacha, un léopard de 6 ans qu'il connait bien. Le fauve était particulièrement joueur...

À la pointe de la technologie pour les animaux

Avec son activité auprès des animaux sauvages, Michel Klein fut le premier en France à utiliser, voire à inventer, différents outils chirurgicaux. Il mit au poing une bulle chirurgicale pour opérer en milieu stérile, réalisa des anesthésies générales d'éléphants et de bien d'autres espèces et développa l'imagerie médicale, l'échographie, la radiologie et même le scanner. Il réalisa la première échocardiographie en temps réel d'un tigron à Thoiry, lors de la 500e émission « Les Animaux du Monde ». Ci-dessous, nous vous proposons quelques-unes de ses interventions.

Michel Klein sur son métier
1974 - 00:00 - vidéo

Michel Klein plonge dans un bassin pour prélever le sang d'un dauphin.

Etre vétérinaire
1974 - 00:00 - vidéo

Après avoir décrit les difficultés rencontrées dans son métier : blessures, maladies contagieuses et évoqué les similitudes et les différences entre médecine humaine et animale. Il anesthésie et soigne une variété d'antilope, un jeune cobe defassa.
 

Opération d'un serpent
1974 - 00:00 - vidéo

Michel Klein opère l'œil d'un anaconda de plus de 4 mètres de long.

Anesthésie d'un zèbre
1974 - 00:00 - vidéo

Le vétérinaire et son équipe opèrent un zèbre boiteux. On assiste à la radiographie préliminaire effectuée sous anesthésie générale et l'opération du talon du zèbre.

Michel Klein créa le 11 novembre 1982, avec le soutien de Jacques Chirac, alors maire de Paris, l'École de chiens guides pour aveugles et malvoyants de Paris, qui ouvrit en 1987 et qu'il présida jusqu'en 2004. En 1994, il devenait Chevalier de la Légion d'honneur. Et en 2021, il reçut la médaille de l'Ordre des vétérinaires.

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