Il y a 100 ans, le 2 décembre 1923, naissait Maria Callas à New York. Pour célébrer le centenaire de la légendaire soprano que l'on qualifiait de « Voix du siècle », nous vous proposons de l'entendre dans un extrait de l'un des opéras les plus emblématiques du bel canto italien, Norma.
La Norma est un opéra en deux actes de Vincenzo Bellini, sur un livret de Felice Romani. Il est adapté d'une tragédie d’Alexandre Soumet. L'opéra a été créé le 26 décembre 1831 à la Scala de Milan sous la direction du compositeur lui-même. Considéré comme l'un des chefs-d’œuvre du XIXe siècle, Norma raconte le destin d'une grande prêtresse gauloise secrètement éprise de Pollione, le consul romain et donc ennemi héréditaire des Gaulois.
Par amour, Norma va trahir son peuple et son vœu de chasteté lié à sa position de prêtresse. Elle tentera à tout prix d'éviter la guerre qui se profile. Mais Pollione va la trahir et s’éprendre d’une jeune novice gauloise nommée Adalgisa. Tout le propos de l'opéra sera de décrire comment Norma va réagir à cette trahison. Tuera-t-elle les enfants qu'elle eut avec Pollione? Lui pardonnera-t-elle ? Se vengera-t-elle ?
Norma, un rôle mythique
Dans une carrière de soprano, Norma est l'un des plus grands rôles, l'un des plus exigeants du répertoire aussi. Il réclame une grande dextérité vocale et un certain talent dramatique. Cet opéra emblématique du bel canto romantique italien reste l'un des morceaux de bravoure des cantatrices, leur passage obligé vers la célébrité. Lorsque l'on évoque cet opéra, on pense évidemment à la Callas qui l'interpréta majestueusement, en particulier son air le plus connu, Casta Diva. C'est cette performance que l'archive en tête d'article vous propose de découvrir. Sur la scène de l'Opéra de Paris, lors d'un concert retransmis en Eurovision, Maria Callas, accompagnée par l'orchestre de Paris dirigé par Georges Sebastian, en livrait une interprétation magistrale et émouvante.
L'ARCHIVE
Cette interprétation est d'autant plus touchante qu'elle fut réalisée peu de temps après l'un des plus grands traumatismes de la carrière de la diva. Cette archive date du 19 décembre 1958, or quelques mois plus tôt, le 2 janvier 1958, Maria Callas ouvrait la saison de l'opéra de Rome, en présence du président de la République italienne, avec cette même œuvre. Mais, avant la fin du premier acte, la soprano interrompait la représentation de la Norma, affirmant avoir perdu sa voix. Cette interruption inattendue, accueillie par des sifflets, provoqua un énorme scandale. Alors que la direction de l'opéra dénonçait un caprice de diva, quelque instants après, Maria Callas s'expliquait devant la presse : « A la fin du premier acte, je suis devenue aphone. Comme vous pouvez le constater, je ne peux plus parler ».
Le soutien des Français
Une dizaine de jours seulement après, la cantatrice était de passage à Paris. À la descente de son avion, elle remerciait les Français pour leur soutien dans cette épreuve. Elle s'avouait émue par la chaleur des anonymes qui lui avaient écrit pour lui témoigner leur affection. Elle promettait de venir chanter à Paris pour remercier son public français. Plus tard ce jour-là, à un journaliste de l'AFP, elle confiera : « J'ai beaucoup souffert le soir de Rome... ».
Maria Callas à Paris
1958 - 02:13 - vidéo
Promesse tenue. En décembre 1958, la diva se produisait lors d'un grand gala retransmis en mondiovision depuis le palais Garnier. Un spectacle donné cette fois en présence du président français René Coty ! À son programme, il y avait donc ce passage de la Norma où elle avait perdu la voix à Rome. Avec ce morceau, Maria Callas voulait sans doute prendre sa revanche et conjurer l'humiliation romaine. Elle souhaitait prouver au monde entier qu'elle était toujours la « plus belle voix du monde ».
Cette revanche et ce cadeau, elle l'offrait à la France et au public français qui lui était resté fidèle.
Maria Callas à propos de sa vie et de sa carrière
1965 - 01:02 - vidéo
Dans cette interview de 1965, au micro de Bernard Gavoty, Maria Callas se confie sur sa vie, sa carrière, son art, ses doutes, sa personnalité.