Le réalisateur et metteur en scène de théâtre Marcel Bluwal est mort à l'âge de 96 ans. Né à Paris le 26 mai 1925 de parents juifs polonais immigrés, il était entré dans les années 1950 à la télévision où il commença par réaliser des émissions enfantines ("Jeudi après-midi") avant de se lancer dans l'adaptation télévisée de chefs d'oeuvre du théâtre et de la littérature. Lui qui se faisait une haute idée de la mission culturelle de la télévision a dépoussiéré les plus grands auteurs : Le barbier de Séville, Le mariage de Figaro, Le jeu de l'amour et du hasard, Les frères Karamazov ou Dom Juan ou le festin de Pierre.
« Je crois que pour les gens, Molière, à la télévision, c’est de la perruque et des mots difficilement perceptibles, difficilement compréhensibles. Alors j’ai décidé d’enlever la perruque. Je ne le voulais pas moderne, je ne le voulais pas en smoking, je ne voulais pas "actualiser", terme horrible… Il fallait le détemporaliser », disait-il à propos de Dom Juan comme on le voit dans l'archive en tête de cet article.
Porter à l'écran un classique
Novembre 1965 : 12 millions de téléspectateurs découvrent Dom Juan ou le festin de Pierre avec Michel Piccoli dans le rôle-titre. Une adaptation pleine d’audace qui fera vite référence, encore montrée, 55 ans après, dans les écoles et universités… En amont de la diffusion, Marcel Bluwal expliquait comment il s’y était pris pour porter à l’écran ce classique.
En 2019 dans l'émission Rembob'INA sur LCP, Marcel Bluwal racontait les coulisses de ce casting prestigieux pour un moment de télévision exceptionnel.
Dans cette autre archive ci-dessous et plus récente, il revient sur le contexte de cette production : convaincre Claude Contamine — le patron de l'ORTF —, convaincre Michel Piccoli de tenir le rôle titre (la même année que "Le Mépris"), tourner en décor naturel et en 35 mm, échapper à la censure, puis devenir avec le succès incroyable de ce Dom Juan une sorte de "gourou" de la culture à la télévision... « Alors je me suis dit, il faut que je fasse un feuilleton... Et j'ai fait Vidocq ! »
Marcel Bluwal sur Dom Juan
1999 - 17:34 - vidéo
La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a exprimé dimanche "son émotion" et adressé ses "sincères condoléances" à la famille. "Mon chagrin est immense, je lui souhaite un beau voyage, il a été un homme essentiel", a écrit sur Facebook l'actrice Ariane Ascaride, qui a été son élève.
"Un pionnier, tellement il a ouvert de champs possibles pour la télé. Il a montré combien elle peut être très belle et très exigeante", a écrit sur son compte Twitter le président du Festival de Cannes, Pierre Lescure. Un homme "intelligent et courageux", "un modèle", a également loué sur Twitter l'écrivain Philippe Labro. "Merci Marcel pour votre engagement, merci au nom de tous les auteurs", a complété sur Twitter la Société des auteurs et compositeurs dramatiques(SACD), dont il avait été à la tête à la fin des années 1990.
Retrouvez une sélection des réalisations de Marcel Bluwal sur madelen, l'offre de streaming illimité de l'INA.