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Antisémitisme : Marc Kravetz défend «Libération» face à Alain Finkielkraut en 1983

Antisémitisme : Marc Kravetz défend «Libération» face à Alain Finkielkraut en 1983

L'ancien journaliste du quotidien fondé par Jean-Paul Sartre est mort vendredi 28 octobre à l'âge de 80 ans. Il avait couvert la guerre du Liban, la révolution iranienne et le conflit israélo-palestinien.

Par Julien Boudisseau - Publié le 31.10.2022
Plateau Finkielkraut Kravetz - 1983 - 13:42 - vidéo
 

Marc Kravtez est mort, a annoncé lundi 31 octobre le journal Libération. Son ancien journal, là où il aura passé la plupart de sa carrière de journaliste. Marc Kravetz avait 80 ans. Le journaliste avait également écrit pour Le Matin, au début des années 80, avant de revenir à Libération entre 1985 et 1996. Dans le journal de Jean-Paul Sartre, il sera grand reporter, chef du service étranger et responsable du magazine du samedi.

Le journaliste, que l'on pouvait entendre ces dernières années sur France culture, notamment dans la matinale, avait reçu le prix Albert-Londres en 1980 pour sa couverture de la révolution en Iran. Marc Kravetz a été ce qu'on appelle un reporter de guerre, à sa façon. Il sera aussi connu pour ça. Pour Libération, il avait couvert la guerre du Liban et le conflit israélo-palestinien.

C'est à ce propos, la guerre du Liban qu'on le retrouve dans l'archive proposée en tête de cet article. Nous sommes en 1983 et le journaliste, qui était au Matin, était invité à débattre avec Alain Finkielkraut, alors présenté comme écrivain, au sujet du procès intenté par la Licra à Libération pour incitation à la haine raciale à la suite de la publication d'une lettre dans le courrier des lecteurs. Alain Finkielkraut posait le problème en rappelant le contenu de la lettre - un homme disant vouloir s'en prendre notamment aux juifs du Sentier et de Belleville à Paris - tout en assurant que la lettre n'aurait pas dû être publiée telle quelle. Il poursuivait toutefois en attaquant : «L'appel au meurtre doit être enrobé d'une certaine précaution. Ce qui me gêne, c'est l'amalgame entre la lettre et les articles de Libération que je juge partiaux et condamnables» sur la guerre du Liban. Selon lui, ces articles relevaient davantage de la propagande que de l'information.

Manipulation de l'opinion

À cela, Marc Kravetz, répondait, en sa qualité d'ancien de Libération, après y avoir passé 7 ans. «Il me semble absurde et imbécile, mais il me semble particulièrement malhonnête d'intenter un procès en antisémitisme à Libération. Quand Serge July écrit "Je ne suis pas antisémite parce que je ne suis pas antisémite", ce n'est pas une manière de ne pas répondre, c'est une citation indirecte d'un autre accusé, Pierre Goldman, qui avait dit "Je suis innocent parce que je suis innocent" et qui sera innocenté». Le militant d'extrême gauche Pierre Goldman en effet avait été jugé en 1974 et 1976 pour des attaques à main armées - assumées - et le meurtre de deux pharmaciennes à Paris, dont il se dira innocent, et pour lequel il sera acquitté. Le journal Libération avait soutenu son «ami», Pierre Goldman.

Face à Alin Finkielkraut, Marc Kravetz poursuivait. Selon lui, Serge July, qui reprend les mots de Pierre Goldman, «n'a pas à faire la preuve qu'il n'est pas antisémite. Mais, je veux attirer l'attention sur autre chose : les journalistes qui ont travaillé au Liban (lors de l'invasion de 1982, ndlr) ont été accusés d'être pratiquement les fourriers de l'antisémitisme en France, voire les auteurs indirects de l'attentat de la rue des Rosiers (...)». Plus globalement, après un autre développement d'Alain Finkielkraut, Marc Kravetz allait plus loin. Selon lui, «l'un des problèmes posé avec cette question de l'antisémitisme, relève quand même, il faut être honnête, tout ceci relève d'une manipulation assez intéressante de l'opinion où on veut nous faire confondre tout ce qui touche à la critique ou même à l'observation des faits concernant l'état d’Israël et à l'antisémitisme. Je crois que les deux choses sont parfaitement distinctes.»

S'en suivra un propos plus précis sur le développement de l'époque de la guerre du Liban et de ses nombreuses ramifications. Pour Le Monde aujourd'hui, Marc Kravetz reste «l’une des plumes les plus renommées sur la guerre au Liban».

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